Une juge dénonce les conditions de détention de Rédoine Faïd et donne 30 jours à l'administration pénitentiaire pour y remédier

Une juge d'application des peines dénonce les conditions de détention du braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd et ordonne à l'administration pénitentiaire d'y remédier, a appris, lundi 18 novembre, franceinfo de sources concordantes, confirmant une information de l'AFP. Rédoine Faïd a été entendu mercredi 13 novembre par la juge d'application des peines. Il est incarcéré au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Sa date de fin de peine est actuellement fixée à 2057. Sollicité par franceinfo, le procureur de Béthune indique qu'il fait appel de cette décision.

Dans l'ordonnance que franceinfo a pu consulter, la juge d'application des peines considère que certaines conditions de détention du braqueur sont "contraires à la dignité de la personne humaine", notamment son placement à l'isolement. "Ces conditions ont un impact réel sur la santé mentale et psychique du détenu, qui nécessite un traitement au long cours et dont les conséquences risquent de devenir irrémédiables", est-il écrit dans l'ordonnance.

"L'isolement sensoriel décrit est réel"

Pour la juge, "l'isolement sensoriel décrit est réel, puisque les conversations téléphoniques ne mobilisent qu'un seul sens et que les relations avec les professionnels ne peuvent être qualifiées de relations sociales. Les sens tels que la vue, le goût, l'odorat et le toucher sont limités en raison de la configuration des locaux à la disposition du détenu", peut-on lire dans l'ordonnance.

La magistrate insiste sur le fait que "depuis 2018 et son retour d'évasion, soit depuis plus de six années, ces conditions de détention n'ont quasiment pas évolué, à l'exception de la levée du menottage au sein du quartier d'isolement". Outre son placement à l'isolement, la juge d'application des peines rappelle que les parloirs de Rédoine Faïd ne peuvent s'effectuer qu'avec un hygiaphone et qu'il ne dispose pas de l'unité de vie familiale "depuis plus de six années". Pour cette juge, "la situation du détenu dans son ensemble doit être prise en compte afin de mettre en place une feuille de route tendant à la sortie de l'isolement et ainsi de redonner des perspectives au détenu Rédoine Faïd".