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La dictature Pinochet en procès à Paris

C'est un procès historique et symbolique qui s'ouvre aujourd'hui devant la cour d'assises de Paris : 14 hauts responsables de la junte chilienne, responsable de 3.200 morts entre 1973 et 1990, seront jugés. Ils sont en effet soupçonnés d'être impliqués dans la disparition de quatre Français. Pour la famille des victimes, c'est l'attente de toute une vie qui trouve enfin son aboutissement.
Article rédigé par franceinfo
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Georges Klein, conseiller au cabinet du président socialiste
Salvador Allende. Etienne Pesle, professeur de français. Alphonse Chanfreau et Jean-Yves
Claudet-Fernandez, membres du Mouvement de la gauche révolutionnaire. Quatre Français portés disparus entre 1973 et 1975, dans les premières années de la dictature d'Augusto Pinochet. Leurs familles attendent toujours justice.

Les accusés seront absents

Plus de 35 ans après les faits, la cour d'assises de Paris va enfin se pencher sur ces quatre disparitions. Au terme de nombreuses années de procédures, quatorze Chiliens, presque tous militaires, sont jugés à partir d'aujourd'hui pour enlèvements et séquestrations avec actes de torture et de barbarie. Des faits passibles de la réclusion à perpétuité.
Le principal accusé est Manuel Contreras, 81
ans, ancien chef de la Dina, la police secrète du régime.
Tous les accusés seront absents, protégés par l'absence d'accord d'extradition entre la France et le Chili.

Un procès filmé pour son intérêt historique

Ce qui n'empêche pas ce procès de revêtir un caractère exceptionnel. Il sera d'ailleurs filmé pour son intérêt historique. Si certains accusés ont déjà été condamnés dans leur pays pour d'autres faits, le procès est en effet le premier au monde à aborder la nature de la dictature Pinochet. Ce régime, issu du coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973, appuyé en sous-main par les Etats-Unis, a fait 3.197 morts et disparus.

Ce procès est également la fin d'une longue attente pour les familles de victimes, qui ont déposé plainte... en 1998. A l'époque, Augusto Pinochet avait été mis en cause, mais il est mort - libre - en 2006 à l'âge de 91 ans.

"Ce procès va constituer un moment important de l'histoire
de la lutte contre l'impunité, en France et ailleurs", explique Me William Bourdon, un des avocats des familles."Le fait qu'on revisite ensemble avec des juges ce passé si cruel, les conditions dans lesquelles leurs
pères, leurs frères, leurs parents ont disparu est une étape
extrêmement importante."

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