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Membres de l'ultradroite soupçonnés de vouloir attaquer des musulmans : la "réapparition de ce phénomène reste préoccupante"

"L'ultradroite française essaye petit à petit de s'imposer en commettant des attentats", a indiqué, lundi sur franceinfo, Stéphane Wahnich, professeur associé à l'université Paris-Est Créteil.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des enquêteurs devant le domicile de Guy S., un ancien policier appartenant au groupuscule d'ultradroite AFO. (XAVIER LEOTY / AFP)

Dix membres de l'Action des forces Opérationnelles ont été interpellées en France dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 juin. Ce groupuscule d'ultradroite est soupçonné d'avoir voulu attaquer des musulmans. "Pour l'instant, le professionnalisme de ces groupes est faible, mais leur présence est symptomatique de la société française", a estimé, lundi sur franceinfo, Stéphane Wahnich, professeur associé à l'université Paris-Est Créteil en communication politique et publique.

franceinfo : Quel est ce groupe AFO ?

Stéphane Wahnich : On ne le connaît pas vraiment. Aujourd'hui, un assemblage de groupes, pas très au point, forme l'ultradroite française et essaye petit à petit de s'imposer en commettant des attentats. L'ultradroite radicale désigne l'extrême droite qui ne veut absolument pas jouer le jeu démocratique et dont la vision de la vie politique est une vision révolutionnaire, c'est-à-dire qui passe par le coup d'État, le coup de force, et s'érige contre les institutions ou contre un certain nombre de personnes.

Cette ultradroite apparaît-elle comme un mouvement organisé, pensé ?

Pensé, oui. Il y a des théoriciens de l'ultra-droite. Mais organisé non. L'ultra-droite armée n'existe pas réellement en France, même si quelques groupes se mettent visiblement en place, ce qui est préoccupant. Nous avons une extrême droite comme Génération Identitaire qui se limite aux coups communicationnels, sans passer à l'arme. En revanche, la France est sous tension. Que ce soit du côté de l'islamisme ou de l'ultradroite, le ton monte, ce qui est préoccupant. Le discours politique ne prend pas assez en compte ces deux mouvements. C'est ce qui pousse un certain nombre de personnes dans le complotisme, et de ce complotisme découle l'ultra-droite.


Voulez-vous dire que la violence engendre la violence ?

Tout à fait. Le discours islamiste veut faire croire aux musulmans qu'ils ne sont pas français, mais d'abord musulmans, et qu'il faut revenir à un islam originel. L'objectif est de les mettre à part. De l'autre côté, nous avons une ultradroite qui veut alerter du danger de l'islam en France, un danger qu'elle considère mortel, en mettant en avant l'idée qu'un complot la menace. Une partie de la population y croit complètement et veut y réagir de manière armée. Il est intéressant d'observer ces différentes mouvances sur Twitter. Elles sont soumises à une violence verbale qui ne peut que déboucher sur de la violence physique. De plus, nous avons trente armes par habitant en France, ce qui est énorme lorsque l'on sait que l'Irak en a trente-quatre, et ces armes circulent des deux côtés. Ces groupuscules n'existaient plus depuis les années 1990-2000. Vingt ans après, nous avons une réapparition de ce phénomène, qui, même s'il est peu important, reste préoccupant.

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