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Menaces de mort chez Prisma Media : des dizaines de salariés hommes convoqués pour des prélèvements ADN

Les enquêteurs cherchent à déterminer qui a envoyé des menaces de mort à des salariés du groupe de presse.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les locaux du groupe de presse Prisma Media à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine. (MARTIN BUREAU / AFP)

Des salariés hommes du groupe de presse Prisma Media (éditeur, entre autres, de Télé Loisirs, Voici ou Géo) reçoivent, depuis mi-août, des convocations à un prélèvement ADN et une prise d'empreintes digitales dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte pour menaces de mort à l'encontre de certains employés, a appris franceinfo mercredi 29 août de source syndicale, confirmant une information du Parisien.

Une soixantaine de membres du personnel ont été convoqués mercredi au siège de la sûreté territoriale des Hauts-de-Seine. Ces convocations font suite à la découverte de traces ADN sur l'un des objets accompagnant les lettres, et dont la nature n'a pas été précisée.

Inquiétude des salariés

"À notre retour de vacances, plusieurs dizaines de salariés, d'abord une vingtaine - dont j'étais - ont reçu une convocation à la maison, nous invitant à nous présenter à la direction de la sûreté départementale des Hauts-de-Seine en vue d'un prélèvement ADN et d'empreintes digitales", a expliqué Emmanuel Vire, délégué CGT au sein du groupe. "C'est une convocation qui est très courte, où il est juste précisé que cela fait suite à une procédure judiciaire en cours au sein de la société Prisma Media."

"Dans un premier temps, la direction de Prisma Media a refusé de communiquer auprès des salariés. Ça fait que des salariés ont reçu cette convocation chez eux, ont pris peur, ont appelé la police pour demander à passer tout de suite, et donc sont partis faire leur prélèvement sans que leur hiérarchie soit au courant etc... Il y a eu un émoi considérable au sein de la société", a précisé le responsable syndical.

"Les premières convocations sont arrivées le 13 août et la direction a communiqué le 23 août", a-t-il expliqué.

Pour beaucoup de gens, ADN = enquête pour viol, crime… C'est tout de suite très grave. Des menaces de mort, c'est grave, mais on ne parle que de menaces de mort, dans cette affaire

Emmanuel Vire, responsable CGT chez Prisma Media

à franceinfo

Interrogé sur la nature de ces menaces, Emmanuel Vire juge que les salariés sont "dans une espèce de flou depuis le début" : "Ce que l'on sait, c'est que, dans un premier temps, c'est un courrier qui a été envoyé à la direction générale en juillet 2017, puis les menaces se sont poursuivies. Mais je n'en sais pas plus."

Silence de la direction

Le délégué CGT refuse, pour sa part, de se soumettre à ce prélèvement. "Je n'ai aucune envie de faire obstacle à la justice, aucune envie que les menaces de mort contre mes collègues se poursuivent, mais vu le peu d'informations dont j'ai disposé, vu le peu d'informations qui est donné par la police au sujet du cadre juridique dans lequel est fait ce prélèvement ADN, moi, en l'occurrence, j'ai refusé", s'est-il justifié. Si le prélèvement n'est pas obligatoire, il est en revanche obligatoire de se rendre à la convocation, sous peine d'une amende de 3 750 euros.

Dans un courrier interne adressé aux salariés le 23 août, la direction du groupe précise que "les collaborateurs convoqués pourront se rendre dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre sur leur temps de travail" et que "les ADN collectés seront ensuite détruits dès la clôture des investigations et ne seront pas conservés dans les bases de données de la police". Jointe par franceinfo, la direction a refusé de s'exprimer sur une enquête en cours.

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