A Romans-sur-Isère, ces militants de l'ultradroite qui se disent "prêts à la guerre"
La mort de Thomas, tué d'un coup de couteau à Crépol, dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 novembre, provoque encore, plus d'une semaine après, des secousses inquiétantes dans la Drôme. La ville de Romans-sur-Isère a connu un week-end du 25 et 26 novembre sous tension avec la venue de dizaines de militants de l’ultradroite qui ont déclenché une vague de violences, y compris contre les forces de l’ordre.
L’ultradroite française a d'abord donné rendez-vous samedi 25 novembre à ses militants dans le quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, d’où viendraient certains des agresseurs de Thomas. Un appel national, ce qui est assez inédit, a été lancé dès jeudi 23 novembre sur les réseaux sociaux et sur les boucles Telegram de la mouvance de l’ultradroite.
Sous le mot d’ordre "Justice pour Thomas, ni oubli ni pardon", cet appel à marcher sur le quartier de la Monnaie aurait été initié, l'enquête doit encore le confirmer, par les membres d’un groupuscule qui s'appelle la "Division Martel", un noyau de très jeunes néonazis parisiens proche du GUD, une autre organisation d'extrême droite. Des militants d’autres groupes connus des services de police ont répondu présents, selon les premiers éléments de l’enquête menée par le parquet de Valence.
Barres de fer et battes de baseball
Près de 80 de ces personnes venant de tout le territoire se sont donc donné rendez-vous vers 18 heures, samedi 25 novembre, à l’entrée du quartier de la Monnaie de Romans-sur-Isère, non pas pour rendre hommage dans le calme à Thomas, mais pour une expédition punitive. Selon nos informations, trois des neuf jeunes mis en examen dans la mort de Thomas habitent ce quartier.
Armés de battes de baseball, de barres de fer, de poings américains, ces militants de l’ultradroite ont d’abord trouvé sur leur route la CRS 83, une compagnie anti-émeute qui avait été positionnée dans l’après-midi pour contenir les violences. Cinq policiers ont d’ailleurs été blessés par des tirs de mortier et de pierres. Dans un deuxième temps, ce sont des jeunes du quartier qui ont pris à partie les militants de l’ultradroite. L'un d'eux, qui venait de Mayenne, a failli être lynché. Il est toujours hospitalisé, mais hors de danger.
L'ultradroite a de nouveau manifesté dimanche à Romans-sur-Isère. Il y a eu quelques interpellations, mais les violences ont été contenues par la police. Au total, au cours de ce week-end chaotique dans cette ville de la Drôme, il y a eu 24 arrestations dans les rangs de l’ultradroite principalement. La plupart, qui ont entre 20 et 25 ans, seront jugés en comparution immédiate à Valence dans les jours qui viennent.
"Sans violence, il n'y a pas de changement, avançait dimanche 26 novembre, un militant rencontré par France Bleu Drôme Ardèche à Romans-sur-Isère. C'est triste, c'est quelque chose qu'on partage avec la gauche, avec tout le monde. Tout le monde est d'accord pour dire que le seul moyen pour faire changer les choses, ce sera la violence. Soyez prêts à la guerre, il n'y a pas d'autre solution."
Derrière la menace de violences à venir, le risque d’une contagion existe. Samedi 25 novembre à Paris, 13 personnes dont sept fichées S d’ultradroite ont été interpellées en flagrant délit pour des tags de croix gammées. Selon une source policière, cet acte n'est pas seulement antisémite, ce serait aussi un hommage aux ultras de Romans-sur-Isère.
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