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"Disparues de l'A6" : ces affaires résolues des dizaines d'années plus tard grâce à l'ADN

Les analyses génétiques permettent de plus en plus souvent de relancer des enquêtes qui étaient au point mort.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Christelle Blétry, une des "disparues de l'A6", a été tuée de 123 coups de couteau et découverte dans un fossé à la sortie de Blanzy (Saône-et-Loire), le 28 décembre 1996. (MAXPPP)

Près de vingt ans plus tard, l'enquête aboutit enfin. Le meurtrier présumé de Christelle Blétry a été mis en examen et écroué, jeudi 11 septembre, après avoir été identifié grâce à son ADN. Un dénouement inattendu pour une affaire qui restait jusque-là un mystère pour les enquêteurs. Ce n'est toutefois pas la première fois que de nouvelles preuves génétiques permettent de faire progresser une enquête au point mort depuis des années.

Francetv info revient sur ces "Cold Case" français qui ont connu rebondissement majeur ces dernières années.

"Les disparues de l'A6"

Un homme de 56 ans été mis en examen et écroué jeudi 11 septembre, après avoir reconnu le meurtre de Christelle Blétry. Le corps de la jeune femme de 20 ans, tuée de 123 coups de couteau, avait été découvert dans un fossé à la sortie de Blanzy (Saône-et-Loire), le 28 décembre 1996. Ce crime avait été associé à sept autres assassinats de jeunes femmes, commis en Saône-et-Loire entre 1986 et 1999 et connus comme l'affaire des "disparues de l'A6".

L'auteur présumé du meurtre, âgé de 56 ans, a été interpellé mardi dans les Landes par la PJ de Bordeaux. Il a ensuite été placé en garde à vue durant 48 heures à Chalon-sur-Saône et a fini par admettre son implication dans l'affaire, a expliqué le procureur de Saône-et-Loire vendredi 12 septembre.

Son identification a été rendue possible grâce à de nouvelles analyses ADN, qui ont permis d'établir un profil fiable. Il a été comparé avec les empreintes génétiques du fichier national, auquel l'homme était inscrit depuis 2004, rapporte le Journal de Saône-et-Loire. Il avait, à l'époque, été condamné à deux ans de prison pour tentative d'agression sexuelle, a expliqué le procureur de Saône-et-Loire vendredi 12 septembre. 

L'affaire Elodie Kulik

La jeune femme de 24 ans, directrice d'une agence bancaire à Péronne (Somme), avait été violée puis étouffée en janvier 2002. Deux traces ADN avaient été retrouvées près de son corps calciné, grâce notamment à un préservatif abandonné sur place. Mais les analyses n'avaient, à l'époque, rien donné.

Dix ans plus tard, les enquêteurs ont comparé l'ADN retrouvé avec les profils de leur base de données. Ils ont, cette fois, identifié un lien de parenté entre le violeur d'Elodie Kulic et un homme emprisonné pour une autre affaire d'agression sexuelle, qui s'avérait être le père du suspect, Grégory Wiart. Ce plombier âgé de 22 ans au moment des faits, est mort dans un accident de voiture peu après le meurtre. L'exhumation de sa dépouille et de plus amples analyses ont toutefois permis de l'identifier comme l'un des agresseurs.

Willy Bardon, un ami de Grégory Wiart, soupçonné d'être son complice, a été mis en examen en 2012. Sa voix avait été identifiée par les enquêteurs à partir de l'enregistrement de l'appel d'Elodie Kulik aux sapeurs-pompiers, peu avant sa mort. L'homme, écroué depuis janvier 2013, a été placé en liberté sous bracelet électronique en avril et doit encore être jugé pour les faits.

Le meurtre de deux petites filles à Voreppe

Sarah Syad, une fillette de 6 ans, avait disparu près de son domicile isérois en avril 1991, avant d'être retrouvée étranglée dans un bois voisin. Cinq ans plus tard, Saïda Berch, 10 ans, avait, elle aussi, été enlevée puis retrouvée morte au bord d'un canal. L'enquête était restée au point mort durant plusieurs années.

Mais en juillet 2013, de nouvelles analyses réalisées par un laboratoire de Bordeaux permettent d'établir le profil génétique précis du suspect. Les enquêteurs l'ont recoupé avec leur fichier national et identifié l'auteur présumé des meurtres, un homme de 37 ans, fiché pour une affaire de délinquance routière selon le Parisien. Il avait très vite était mis en examen pour assassinat dans les deux affaires. Le suspect, originaire de Voreppe et connu de la famille de Saïda Berch, été âgé de 15 ans au moment des faits. 

L'affaire Nelly Haderer

L'ADN avait aussi entraîné un rebondissement spectaculaire dans l'affaire Nelly Haderer, au bout de vingt-sept ans. Le corps de cette mère de deux enfants âgée de 22 ans avait été découvert découpé dans une décharge près de Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 31 janvier 1987. La jeune femme avait été tuée de deux coups de carabine.

Jacques Maire, un maçon de 44 ans de la région de Dombasle-sur-Meurthe, est soupçonné : sa voiture a été identifiée comme le véhicule qui attendait Nelly Haderer le soir de sa disparition. L'homme, qui affirme n'avoir jamais croisé la victime, sera jugé à trois reprises, avant d'être définitivement acquitté dans cette affaire en 2008.

Un an plus tard, l'information judiciaire est toutefois rouverte à la demande de la famille, qui réclame des analyses génétiques. Un profil ADN masculin est identifié en 2011, grâce à une tache de sang sur la poche intérieure du jean de Nelly Haderer. Coup de théâtre : il correspond à l'ADN de Jacque Maire, révèle l'Est républicain le 30 janvier 2014. Aucun recours en justice n'est toutefois possible en droit français contre le maçon, qui ne peut plus être rejugé pour cette affaire.

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