Tuerie de Chevaline : le téléphone portable du suspect était dans la zone de la tuerie
Selon les informations de France 3, l'individu est décrit par les enquêteurs comme un marginal, amateur d'armes à feu et collectionneur. Un proche de l'enquête annonce que l'examen de son téléphone portable suggère sa présence dans la zone lors des faits.
C'est la première arrestation à survenir en France dans la retentissante affaire de la tuerie de Chevaline. Un an et demi après les faits, un suspect a été placé en garde à vue, mardi 18 février, en Haute-Savoie, dans l'enquête sur le quadruple meurtre. Une interpellation qualifiée d'"avancée importante" par une source proche du dossier.
Elément important, l'examen du téléphone portable du suspect "le situe dans la zone au moment des faits", selon un proche de l'enquête. Explications.
Un ancien policier municipal "amateur d'armes"
Cet homme a été interpellé par le GIGN, mardi matin vers 10 heures, à son domicile, situé à une douzaine de kilomètres du lieu du drame, dans un petit lotissement du Perroix, un hameau de la commune de Talloires, à l'écart du lac d'Annecy, rapporte France 3 Alpes.
Agé de 48 ans, il est décrit par les enquêteurs comme un "montagnard taiseux", "amateur d'armes" et collectionneur. Il serait marié mais vivrait en ermite, comme un "marginal". Selon les informations de France 3, l'homme n'aurait pas de casier judiciaire.
France 3 Alpes affirme d'ailleurs qu'il s'agirait d'un ancien policier municipal de la commune de Menthon-Saint-Bernard. Il aurait été "remercié pour faute" en octobre 2013. Contraint de quitter le logement mis à sa disposition par la municipalité, il se serait alors installé à Talloires. Depuis, il aurait retrouvé une activité en tant qu'"agent de sécurité à Genève".
Après cette arrestation, plusieurs perquisitions ont eu lieu. De nombreuses armes ont saisies chez le suspect, selon une source proche enquête. Une première perquisition a eu lieu au village de Lathuile dans la matinée. Elle a été suivie d'une deuxième perquisition, dans l'après-midi, au domicile du suspect. Des gendarmes de l'identification criminelle ont sondé le jardin de la maison, à l'aide d'un détecteur de métaux. Ils ont creusé la terre autour d'un bosquet d'arbres. A d'autres endroits, ils avaient planté des numéros pour baliser le terrain.
"Une forte ressemblance" avec le portrait-robot
Les gendarmes ont été mis sur sa piste grâce aux témoignages recueillis après la diffusion du portrait-robot d'un motard aperçu à proximité de la scène de crime, le 5 septembre 2012. Un homme avec un bouc, portant un casque de moto à ouverture latérale, activement recherché par les enquêteurs.
Depuis la diffusion de ce portrait-robot, le 4 novembre 2013, les gendarmes ont reçu une centaine d'appels, dont une quarantaine "a semblé apporter des éléments utiles", a expliqué Eric Maillaud, le procureur de la République à Annecy. Selon le procureur, le suspect présente "une forte ressemblance" avec ce portrait-robot. Le magistrat n'en a pas dit plus sur son identité pour "préserver la présomption d'innocence".
Cet homme est cependant sans "lien direct" avec les protagonistes du drame, selon une source proche du dossier. "Personne ne crie victoire, il n'y aucune certitude quant à un lien avec la tuerie", confirme à France 2 le procureur qui précise cependant que cette interpellation "ne restera peut-être pas unique".
Son téléphone portable était dans la zone de la tuerie
L'examen du téléphone portable du suspect le situe dans la zone de la tuerie, selon une source proche de l'enquête. Son arrestation remet la piste d'un tueur local au premier plan, alors que la justice a plutôt envisagé jusqu'ici celle d'un conflit familial sur fond d'héritage disputé entre les deux frères.
Jusqu'à présent, une seule personne avait d'ailleurs été arrêtée dans cette affaire, au Royaume-Uni : Zaïd Al-Hilli, le frère de Saad, interpellé le 24 juin 2013, soupçonné de "complot pour commettre un meurtre". Cet homme de 54 ans a reconnu être en conflit avec son frère concernant l'héritage paternel. Mais il n'a eu de cesse de clamer son innocence. Et il avait été remis en liberté provisoire et conditionnelle, dès le lendemain de son arrestation, et son contrôle judiciaire a été levé à la mi-janvier.
Selon les éléments dont disposent les enquêteurs, il y avait "un seul tireur", mais celui-ci avait peut-être des complices, avait expliqué Eric Maillaud fin 2013. Près de 25 douilles ont été retrouvées sur la scène du crime. Elles proviennent toutes de la même arme, un ancien Luger qui étaient utilisées il y a de nombreuses années dans l'armée suisse.
L'éventualité d'un tueur local isolé, agissant de son propre chef, est "une hypothèse de travail parmi d'autres mais ce n'est pas l'hypothèse numéro un", a souligné mardi une source proche du dossier. Les enquêteurs travaillent plutôt à faire le lien entre un ou des hommes de main locaux et un éventuel commanditaire. Les éventuelles autres gardes à vue à venir pourraient étayer un tel scénario.
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