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Mineurs à scooter percutés par la police : l'avocat des familles dénonce des "menaces" et "intimidations" sur des témoins

Les trois policiers accusés d'avoir percuté avec leur voiture un scooter la semaine dernière à Paris, blessant trois mineurs, sont en garde à vue à l'IGPN vendredi. Maître Arié Alimi estime qu'"un cap a été franchi dans le degré et l'intensité de la violence."
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Maître Arié Alimi, le 13 mai 2019. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Arié Alimi, avocat des familles des trois enfants blessés à Paris lors d'une course-poursuite avec des policiers, annonce, vendredi 21 avril, que "des plaintes seront déposées" pour "menaces" sur des témoins et "intimidation visant à empêcher l'enquête de se faire". Les trois policiers accusés d'avoir percuté avec leur voiture un scooter la semaine dernière à Paris ont été placés en garde à vue à l'IGPN  vendredi. "On a menacé les témoins" et "c'est particulièrement grave", réagit l'avocat. "Ça devra faire l'objet d'une enquête puisque des plaintes seront déposées par les familles", indique-t-il. Maître Arié Alimi confirme que le pronostic vital de la conductrice du scooter n'est plus engagé.

>> Mineurs percutés à scooter à Paris : ce que l'on sait de l'enquête après la suspension de trois policiers

franceinfo : Les trois policiers ont été placés en garde à vue. Vous l'attendiez ?

Maître Arié Alimi : Ces faits-là peuvent être qualifiés de tentative d'assassinat par des personnes dépositaires de l'autorité publique avec une arme par destination, à savoir le véhicule. Lorsqu'on prend en chasse et qu'on se prépare pour percuter un véhicule avec trois mineurs dessus, ça peut effectivement être qualifié de tentative d'assassinat compte tenu du fait qu'il y a une préméditation. 

Gérald Darmanin parle de gestes qui ne sont pas "appropriés" de la part des policiers. C'est déjà une reconnaissance des faits ?

Ça intervient vraiment tardivement. Ça fait une semaine que ça s'est passé. Pendant un long moment, il y a eu des errements procéduraux. On a même demandé à la maman de l'un des jeunes qui étaient sur le scooter de déposer plainte contre la conductrice. Elle a retiré sa plainte, fort heureusement. On a menacé les témoins de garde à vue si l'une des témoins ne retirait pas les vidéos qu'elle avait prises sur son téléphone portable. On a interdit aux familles d'aller à l'Inspection générale de la police nationale. 

"En plus des faits gravissimes qui ont eu lieu, il y a eu une volonté de dissimulation, des mesures d'intimidation visant à empêcher l'enquête de se faire et la vérité de se manifester."

Maître Arié Alimi

à franceinfo

C'est particulièrement grave et ça devra faire l'objet d'une enquête puisque des plaintes seront déposées par les familles pour tous ces actes qui sont aussi de nature pénale, qui concernent la hiérarchie de la préfecture de police de Paris. On veut savoir jusqu'où c'est remonté.

Comment expliquez-vous ce comportement ?

Il est assez classique dans les affaires de violences policières, malheureusement, d'avoir une volonté de ne pas assumer. Pas toujours, mais pratiquement toujours, lorsqu'il y a des violences illégitimes qui sont commises. Un cap a été franchi dans le degré et l'intensité de la violence. 

"Quand un véhicule percute trois enfants en sachant pertinemment qu'ils peuvent en mourir. On n'a jamais vu ça. Qu'est-ce qui se passe dans la tête d'une policière qui est au volant de son véhicule quand elle commet cet acte ?"

Maître Arié Alimi

à franceinfo

 C'est vraiment ce que j'essaie de comprendre. Quelles sont les formations, qu'est-ce qu'on lui a dit de faire ou de ne pas faire quand elle est dans cette position ? Évidemment qu'il y a un refus d'obtempérer. Évidemment, il y a un jeune qui n'a pas de casque. Évidemment, ils sont à trois sur un scooter, c'est indéniable. Ce sont de petits délits. Ils revenaient de la mosquée, c'était le soir du ramadan. Ils voulaient rentrer chez eux rapidement. Ils ont pris un scooter en libre-service. Ils n'auraient pas dû le faire comme ça, évidemment. 

Comment vont la conductrice et les deux passagers du scooter ?

Le pronostic vital de la conductrice n'est plus engagé ce matin et les familles sont très très heureuses de continuer et de ne pas répondre aux injonctions. Son petit frère de 13 ans a été auditionné par l'IGPN avec moi. Il va mieux et l'autre jeune homme de 14  ans a le genou abîmé. Le pire a été évité. Mais maintenant, une vraie question se pose. Je tends la main au préfet de police Laurent Nuñez. Il faut que ça cesse. La prochaine fois, il va y avoir des morts. Ce sont des enfants. On ne peut pas tuer des enfants. 

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