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Vidéo "Une famille syrienne rescapée d'un cargo-poubelle"

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Envoyé spécial
Envoyé spécial Envoyé spécial (VIRGINIE VILAR , LAURA AGUIRRE DE CARCER / FRANCE 2)
Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Arrivés en France il y a quatre mois, Walid, Lara et leurs trois enfants ont embarqué à bord du "Blue Sky M", un cargo qui a failli s'écraser sur les côtes italiennes. Les conditions du voyage ont été filmées par cette famille qui témoigne à visage caché. Extrait du reportage diffusé dans "Envoyé spécial".

Walid, Lara et leurs trois enfants sont syriens. Cette famille aisée a quitté un pays en guerre civile. Un conflit qui s'enlise depuis mars 2011, et dont la première victime est la population.

Depuis deux ans, les migrants de pays en guerre sont de plus en plus nombreux à vouloir tenter leur chance en Europe. Tout recommencer de zéro, avec l'espoir d'une vie meilleure. En 2014, ils étaient 200 000 à embarquer pour ce voyage périlleux, dix fois plus qu'en 2012. 

Frôler la mort pour vivre à nouveau

Mais pour cela, il faut avoir assez d'argent pour payer un passeur, attendre le départ d'un cargo, rester au milieu des gens entassés − et parfois enfermés − comme des bêtes, et prier pour arriver sain et sauf sur les côtes italiennes. 

Walid et son épouse ont déboursé 15 000 dollars pour leur famille. Dans un hôtel en Turquie, ils ont attendu des semaines que le passeur leur confirme une date de départ. Jusqu'à ce jour de décembre, où ils ont embarqué à bord d'un cargo-poubelle, le Blue Sky M. Vétuste, rouillé de l'intérieur comme de l'extérieur, le bateau a chargé 700 personnes, parquées au fond du bateau.

"'On va mourir, maman ?', me demandait tout le temps mon fils"

Walid a photographié les conditions désastreuses à l'intérieur du cargo. Des images rares, qui dévoilent l'insalubrité de cette carcasse rouillée. "Vous voyez, autour de nous il y a des poubelles, tout est rouillé. Nous avions une couverture mais on ne s'en est pas servi. On l'a posée par terre pour s'asseoir dessus tellement c'était sale", raconte le père. Lara, elle, devait sans cesse rassurer son plus jeune enfant. "Mon fils me demandait tout le temps : 'On va mourir, maman ?' et je lui répondais : 'Mais non, nous y arriverons'", raconte-t-elle. 

Pourtant, une nuit, le commandant du cargo passe en pilotage automatique, et fonce droit sur les côtes italiennes. Sans l'intervention des garde-côtes et de la marine italienne du petit port de Galipoli, Walid, Lara et leurs trois enfants ne seraient pas là pour raconter leur histoire. Les autorités italiennes sauveront 770 migrants frigorifiés ce 31 décembre 2014. 

Le début d'une nouvelle vie

Arrivés en France, ils ont le statut de réfugiés, et sont hébergés par une tante. Ce matin, c'est le début d'une nouvelle vie pour cette famille qui a encore du mal à croire qu'elle a quitté un pays en guerre. Leur fils, Hassan, 5 ans, entame son premier jour d'école, accompagné par sa grande sœur et ses parents. Comme une famille ordinaire, ils prennent le chemin de l'école. 

À Damas, la capitale de la Syrie, Walid et Lara étaient des commerçants aisés. Ils sont le nouveau visage d'une immigration clandestine poussée par la guerre et la destruction de son pays d'origine. En France, ils devront tout reconstruire. Apprendre le français, trouver un travail, obtenir une carte de résident, et s'intégrer à un pays dont ils ne connaissent rien. Un parcours long, semé d'embûches, mais qu'ils ont estimé meilleur que leur vie en Syrie. 

Sur Twitter, beaucoup d'utilisateurs ont été choqués par les méthodes peu scrupuleuses des passeurs et ces cargos qui entassent parfois jusqu'à un millier de passagers, sans eau ni nourriture – des passagers qui trop souvent périssent en mer. 

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