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Neyret : la chute d’un grand flic "à l’ancienne"

Cuisiné durant quatre jours par les "bœuf-carottes", le numéro 2 de la PJ de Lyon a fini par concéder l’imprudence, reconnaissant avoir transmis à des truands des informations confidentielles, et accepté des cadeaux de leur part. _ Au terme de sa garde à vue, le charismatique commissaire Neyret a été présenté à un juge, et mis en examen à son tour. _ Cinq autres policiers étaient également entendus par la "police des polices". De nouvelles convocations pourraient tomber…
Article rédigé par franceinfo
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Actualisé à 14h50 avec mise en examen

Après son épouse, mise en examen samedi et l'incarcération de deux figures présumées du milieu lyonnais, le commissaire Michel Neyret a à son tour été mis en examen à l’issue de sa garde à vue qui prenait fin ce matin à 6h.
Un juge des libertés et de la détention doit maintenant se prononcer sur son placement, ou non, en détention : le ministère public a requis l'incarcération. Le commissaire pourrait dormir dès ce soir dans un quartier VIP de prison parisienne.
Reste à connaître la qualification des faits, car pour l’instant, le superflic ne concède que l’imprudence.

Interrogé depuis jeudi dans les locaux de la "police des polices", Michel Neyret reconnaît seulement avoir transmis des informations confidentielles à des truands.
Et accepté, tout aussi imprudemment, des cadeaux de la part de deux membres présumés de la pègre lyonnaise. Le premier, Stéphane Alzraa aurait mis à sa disposition Ferrari et Rolls Royce lors de séjours sur la Côte d’Azur. Le second, Gilles Benichou, lui aurait offert un voyage à Marrakech (Maroc).
Pour autant, Neyret refuse de parler de corruption. Seulement de cadeaux reçus au nom de l’amitié. La justice devra dire si cette amitié – aussi innocente de part et d’autre ? – ne lui a pas fait franchir le rubicond.

Des "cousins" payés en cannabis

Neyret devait aussi être interrogé sur des soupçons de détournement d’importantes quantités de cannabis pour rémunérer ses "indics". Reste à savoir si les quantités prélevées dans les scellés ne sont pas allées au-delà de cette "rémunérations" des "cousins". L'information judiciaire a notamment été ouverte pour "trafic de stupéfiants" et 'association de malfaiteurs".

Cinq autres policiers étaient également cuisinés par l’IGS (Inspection générale des services) : le patron de l’antigang lyonnais, deux enquêteurs des "stups" de Lyon, ainsi que le chef de l’antigang de Grenoble et son adjoint. De source proche de l’enquête, on indique que d’autres auditions de fonctionnaires de police pourraient être menées dans la semaine.

"C’est un terrible séisme dans la police nationale", a réagi dimanche soir le ministre de l’Intérieur Claude Guéant. Promettant des "sanctions immédiates" si les faits étaient avérés.

La chute du commissaire Neyret, figure emblématique du flic de terrain qui fait du résultat, s’est nouée lors d’une importante saisie de drogue dans un appartement de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) en novembre 2010. Les "Stups" ont vu leur échapper leurs principaux "clients" qui, pour eux, avaient été tuyautés.
_ Des écoutes ont ensuite permis de remonter jusqu’à l’as des as de la police lyonnaise et ses amitiés contre nature.

Gilles Halais, avec agences

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