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Nuage de Tchernobyl en France : 25 ans de polémique

L'enquête sur le nuage de Tchernobyl en France s'arrête, suite au non-lieu prononcé ce matin par la cour d'appel de Paris. En effet, elle estime qu'aucun lien n'a pu être établi entre le nuage et les affections constatées en France. Une décision vivement dénoncée par les associations de victime. Et si elle met fin à l'enquête, il n'est pas sûr qu'elle puisse mettre un terme à 25 ans de polémique.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Radio France © France Info)
  • Le 26 avril 1986, le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl explose.

  • Quatre jours plus tard, le 30 avril, le nuage arrive en France. Le Sud-Est de la France et la Corse sont touchés les premiers.

  • Le 1er mai, les trois quarts de la France se trouvent sous le nuage pendant 3 heures.

  • Le 2 mai, une dépression repousse le nuage vers l'intérieur du continent.

    Dans un premier temps, ce passage du nuage est largement minimisé. Pendant quinze jours les discours des autorités vont se multiplier pour rassurer la population française. Et plus tard ces non-dits se transformeront en image : les autorités auraient voulu faire croire que le nuage de Tchernobyl s'était arrêté aux frontières françaises.

    A l'époque, c'est notamment par la voix de Pierre Pellerin que les autorités rassurent. Il est alors patron du Service central de protection contre les rayons ionisants (SCPRI). Le 30 avril, jour d'arrivée du nuage en France, il déclare : "on pourra certainement dans quelques jours détecter des particules du nuage, mais au niveau de la santé il n'y a aucun risque " (propos repris dans le journal télévisé ci-dessous).

    A l'époque, le gouvernement de Jacques Chirac et son ministre de l'Environnement Alain Carignon (il se justifiera par la suite) ne prennent aucune mesure préventive, comme l'interdiction de consommer des produits frais ou la distribution de pilules d'iode à la population, des options qui avaient été retenues en Allemagne. L'opposition l'accuse d'avoir menti sur de possibles retombées.

    • Le 5 mai, le ministère de l'agriculture fait un communiqué : les taux de radioactivité des produits agricoles sont normaux en France. "Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives
      à l'accident de la centrale de Tchernobyl. À aucun moment, les hausses observées de radioactivité n'ont
      posé le moindre problème d'hygiène publique
      ", écrit-t-il (source).
  • En quelques jours, les déclarations contradictoires se multiplient : le nuage n'est pas passé, il est passé mais ce n'est pas grave car il ne pleuvait pas, etc...
    Journal de 12h - Antenne 2 - 11/05/1986 :

    • Le 12 mai, Libération titre sur "Le mensonge radioactif". La France apprend que le nuage ne l'a pas épargné et que les retombées radioactives ont été plus importantes qu'annoncées.
  • Le 15 mai : la Criirad est créée par Michèle Rivasi, aujourd'hui députée européenne Europe Ecologie-Les Verts. La Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité a pour but de surveiller la radioactivité sur le territoire, "en réaction contre la désinformation officielle ". Elle publiera par la suite ses propres études, pointant notamment du doigt l'augmentation des cancers de la thyroïde depuis 1986.

  • En 2001, une plainte de l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) et de la Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (Criirad) aboutit à l'ouverture d'une enquête sur les retombées de Tchernobyl en France.

  • En 2006, Pierre Pellerin est mis en examen pour "tromperie aggravée". Journal de 13h - France 2 - 31/05/2006 :

    • Aujourd'hui : la cour d'appel de Paris ordonne un non-lieu. Mais les associations de victimes prévoient de se pourvoir en cassation. Et il semble peu probable que cette décision de justice mette fin au débat.

 

 

 

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