On vous présente l'application The Sorority, qui a émis un avis de recherche après la disparition d'une étudiante retrouvée morte dans le bois de Boulogne

Article rédigé par Violaine Jaussent, Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Un collage photographié le 6 septembre 2020 à Paris. (XOSE BOUZAS / AFP)
La jeune femme de 19 ans, étudiante à l’université Paris-Dauphine, n'avait plus donné signe de vie depuis vendredi après-midi. Une enquête pour "homicide volontaire" a été ouverte.

Elle a été vue pour la dernière fois vendredi 20 septembre, à 14 heures, dans un restaurant universitaire. Philippine, une jeune femme de 19 ans, étudiante en économie, a été retrouvée morte samedi, dans le bois de Boulogne, situé dans l'ouest de Paris, à proximité de l'université Paris-Dauphine où elle était inscrite. Son corps a été retrouvé enterré lors d'une battue et a été identifié "formellement", a appris France Télévisions auprès du parquet de Paris. Une enquête pour "homicide volontaire" est ouverte.

Philippine devait se rendre chez ses parents à Saint-Quentin-en-Yvelines vendredi après-midi. La sœur de l'étudiante a déclaré sa disparition à la police le soir même. Samedi après-midi, une cinquantaine de proches ont parcouru le bois de Boulogne, à sa recherche, après avoir géolocalisé son portable, selon une source proche de l'enquête. Ils se sont très vite organisés et ont placardé des avis de recherche un peu partout. Et notamment sur internet. L'application The Sorority, "communauté d'entraide", affirme avoir diffusé "un avis de recherche suite à sa disparition inquiétante pour soutenir ses proches et tenter de la retrouver au plus vite".

Dans un message publié lundi, The Sorority précise que la jeune femme ne "faisait pas partie de [la] communauté" et qu'"aucune alerte n'avait été lancée". Car cette application gratuite, créée en 2020 pour les "femmes et personnes issues des minorités de genre", permet notamment "à celles qui se sentent en insécurité d'alerter les 50 personnes les plus proches grâce à la position GPS du téléphone".

Une notification envoyée à toutes les utilisatrices

Concrètement, toutes les femmes inscrites reçoivent une notification sur leur smartphone quand elles se trouvent dans la zone où l'alerte est déclenchée. "Elles peuvent soit directement appeler la personne qui demande de l'aide, soit lui envoyer un message en lui proposant notamment de prévenir la police ou la gendarmerie, soit la rejoindre sur place, en faisant semblant de la connaître, et sans jamais se mettre en danger", précise Priscillia Routier-Trillard, fondatrice de The Sorority.

"On vient en aide à des personnes dans la rue, dans les transports, au bureau, à l'école, en soirée, en festival ou au domicile."

Priscillia Routier-Trillard, fondatrice de The Sorority

à franceinfo

En mars, une utilisatrice témoignait auprès de l'AFP avoir eu recours à l'application après avoir été suivie dans une rue. "Dès que j'ai appuyé sur le bouton d'alerte, j'ai reçu une dizaine de SMS et d'appels. Finalement, une membre m'a rejointe et m'a raccompagnée en voiture", décrit la jeune femme de 18 ans, également interrogée par l'AFP. Parfois, le simple fait de discuter permet de désamorcer la situation, d'après les témoignages mis en ligne sur les réseaux sociaux par les responsables de l'application.

L'inscription peut se faire dès l'âge de 12 ans, avec un accord parental. Toutefois, 73% des utilisatrices ont entre 18 et 35 ans et l'âge moyen des membres de The Sorority est de 30 ans, selon son dernier rapport d'activité. Les profils sont validés : il est demandé d'effectuer un selfie en temps réel et de fournir sa pièce d'identité pour intégrer la communauté. Actuellement, The Sorority compte 115 000 utilisatrices, selon sa fondatrice. "A Paris, on est 17 000 donc les personnes disponibles se trouvent à une rue près", souligne Priscillia Routier-Trillard. Mais l'implantation de la communauté en zone rurale augmente, selon cette même source, permettant de "sécuriser les rues avec une rapidité d'action importante".

Un partenariat avec la police et la gendarmerie

L'application est aussi disponible pour les Français de l'étranger, en coordination avec le ministère des Affaires étrangères. "A des milliers de kilomètres de nos proches, on est complètement dépendant de la personne violente, qui peut être aussi un employeur", explique Priscillia Routier-Trillard. Notre application est disponible dans le monde entier et traduite dans 13 langues. Même les populations locales peuvent l'utiliser."

Depuis le 8 mars, jour de la Journée internationale des droits des femmes, The Sorority a noué un partenariat avec les forces de l'ordre. Le site de l'application parle d'un "dispositif reconnu et labellisé", dont l'objectif est de "sensibiliser les policiers et gendarmes à notre outil avec des formations", détaille Priscillia Routier-Trillard. "Quand une personne en situation de violence conjugale ne peut pas contacter directement les autorités, elle lance l'alerte sur l’application. Si elle en est d'accord, nous transmettons toutes les informations au 17 pour une intervention immédiate", poursuit-elle.  

"Pour garantir l'efficacité du dispositif avec The Sorority, on a sensibilisé nos effectifs à la nécessité d’une intervention immédiate", confirme la commissaire Charlotte Huntz, référente nationale de la police pour la lutte contre les violences intrafamiliales. Des visuels sur l'application vont être affichés dans tous les commissariats.

"L'idée est d'utiliser les capteurs venant de la société civile pour lutter contre les violences faites aux femmes et d'agir conjointement avec le milieu associatif."

Charlotte Huntz, commissaire de police

à franceinfo

The Sorority n'est pas la seule application de ce genre à collaborer avec les forces de l'ordre. Umay, par exemple, répertorie des "lieux sûrs" depuis sa création en 2019 : 3 200 gendarmeries, 600 commissariats, mais aussi 6 000 autres établissements, tels que des bars, restaurants, magasins et institutions, où les personnes se sentant menacées, hommes et femmes, peuvent se réfugier. Cette application gratuite collabore aussi avec les forces de l'ordre. Elle s'est développée, pendant les Jeux de Paris 2024, à travers un partenariat avec la Française des jeux pour former et labelliser comme "lieu sûr" un maximum de bar-tabac-presse, ainsi qu'en organisant des formations "à la gestion des situations d'agressions et notamment de violences sexistes et sexuelles".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.