Attaque du commissariat de Champigny-sur-Marne : "L'inacceptable, ça se traite avec de la fermeté", réagit le syndicat des commissaires
Le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale dénonce "la haine qui se répand" et "l'impunité qui fait qu'on est décomplexé à l'idée d'attaquer des flics".
"On a affaire à une décomplexion de la violence dans tous les pans de la société", déplore sur franceinfo David Le Bars dimanche 11 octobre au soir. Le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale réclame un "Grenelle des violences", au lendemain de l'attaque du commissariat de Champigny-sur-Marne par une quarantaine d'individus.
franceinfo : Est-ce qu'on peut parler d'une violence décomplexée à l'égard de la police ?
David Le Bars : Vous avez une quarantaine d'individus qui se permettent, en pleine nuit, de venir avec des armes, puisque ça n'a pas d'autre nom. D'ailleurs, je crois qu'on a beaucoup trop longtemps sous-estimé ce que c'était que les mortiers. Ils viennent avec des barres de fer, avec des pavés, et ils attaquent un commissariat. Ils essayent d'attraper du flic. C'est comme nos collègues qui ont été quasiment abattus [à Herblay].
On a affaire à une décomplexion de la violence dans tous les pans de la société. Ça devient très inquiétant.
David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationaleà franceinfo
Fort heureusement, ce n'est pas le cas de la majorité de nos compatriotes, qui estiment que la police doit faire son travail. Mais je crois qu'on est sur un bilan désastreux de ces deux ou trois années de discours totalement nauséabonds. On a essayé de faire croire que l'ennemi dans la société était le policier, alors que le policier, c'est celui qui doit nous protéger.
Comment peut-on en arriver là ?
Il y a une forme de haine qui se répand. Il y a une mauvaise image qui est donnée par une partie de la classe politique, qui ne donne pas l'exemple. C'est tous ces discours nauséabonds sur la police raciste, la police qui assassine, la police qui mutile. Tous ces discours qui essayent de faire des généralités sur des accidents qui sont fort heureusement minoritaires. Et puis on a un sentiment d'impunité qui se répand et qui fait qu'on est décomplexé à l'idée d'attaquer des flics. C'est valable dans les manifestations. C'est valable dans des quartiers difficiles. C'est valable avec certains délinquants. Il y a 15 ans, les criminels protégeaient leur butin. Aujourd'hui, ils vont s'en prendre aux policiers et ils essayent de les abattre. Et ce sentiment d'impunité nécessite une prise en compte urgente de la classe politique avec des décisions. On ne peut pas se contenter de mots.
Quelles décisions, quelles mesures attendez-vous ?
Déjà, je pense qu'on pourrait appeler à un Grenelle de la violence, par exemple, ou des Assises de la violence, pour mettre autour de la table tous les gens qui sont capables de dire ce qui se passe, ce qu'ils ressentent, ce qu'ils vivent au quotidien. On peut y écouter les gens qui travaillent dans les hôpitaux, qui subissent la violence au quotidien dans les services d'urgence. Nos amis, les pompiers, les médecins, les soignants. On peut prendre les chauffeurs de bus. Et puis ensuite, il faut que la société aujourd'hui soit capable de mettre un curseur sur ce qui est inacceptable. Et l'inacceptable, ça se traite avec de la fermeté. Ça ne se traite pas que des grands discours ou avec des condamnations sur des comptes Twitter.
La fermeté, ça veut dire la répression ?
Pour ceux qui le méritent, ça veut dire des condamnations sévères et appliquées. Pour les plus jeunes, ceux qui sont encore récupérables, il faut de l'éducation. Il faut l'encadrement. Il y a eu des propositions du ministre Dupond-Moretti. On attend de voir si ça va être mis en œuvre. Il faut arrêter de se voiler la face. J'ai 25 ans [d'expérience] de police de terrain dans des quartiers. Tout cela, on l'a vu monter. On l'a annoncé. On le subit et aujourd'hui, on a l'impression qu'on est au pied du mur.
Tout ça, c'est le long délabrement d'une chaîne pénale inefficace et d'un refus de voir que ce problème est répandu. Il va falloir le prendre en compte. Moi, j'ai connu des jeunes qui avaient 50 ou 60 faits à leur compteur avant l'âge de 18 ans.
David Le Bars
Si on ne traite pas cette jeunesse-là, on va subir dégradations au climat de violence qui devient finalement un mode d'expression chez certains.
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