Un automobiliste tué par un policier après un refus d'obtempérer dans la banlieue d'Angoulême
Un automobiliste a été tué par un policier qui a fait usage de son arme après un refus d'obtempérer, aux alentours de 4 heures du matin, mercredi 14 juin, à Saint-Yrieix-sur-Charente, dans la banlieue d'Angoulême. Le défunt, dont l'autopsie est prévue jeudi, était "titulaire du permis de conduire depuis peu", d'après la procureure de la République, Stéphanie Aouine. Les enquêteurs vérifient "la situation administrative de son véhicule".
Le policier, légèrement blessé aux jambes lors de cette intervention, a dû être hospitalisé. Il fait l'objet d'une procédure pour "homicide volontaire" confiée à l'antenne bordelaise de l'IGPN. "Tout l'enjeu de ce dossier (...) ça sera la question de la légitime défense et des conditions dans lesquelles (le policier) a dû avoir recours à son arme", a souligné la magistrate lors d'une conférence de presse, mercredi en fin de journée.
Une blessure par balle sur le "haut du corps"
La procureure d'Angoulême a détaillé les circonstances qui ont mené à la mort de l'automobiliste. La patrouille a d'abord repéré une Peugeot 307 qui "zigzaguait", "signaux lumineux en fonction". Invité à s'arrêter, le conducteur a refusé et son véhicule a été "pris en charge à allure réduite", a précisé la magistrate. Une autre patrouille a alors tenté de l'intercepter mais il a accéléré. Arrivé à Saint-Yrieix, le véhicule s'est toutefois immobilisé à un feu rouge, au niveau de l'accès à la RN10.
Les deux véhicules de police se sont alors positionnés pour une interpellation. Le conducteur a "enclenché la marche arrière" mais est reparti "ensuite en avant en braquant ses roues à gauche, orientant le nez du véhicule vers un autre policier qui s'approchait de lui pour procéder à son interpellation". Ce fonctionnaire a "fait usage simultanément de son arme de service à une reprise". Le conducteur a continué sa route, crevant les deux pneus côté droit sur un "dispositif d'interception" et a fini sa course dans le mur d'une habitation, "150 mètres plus loin". Les policiers ont alors constaté "une blessure par balle au niveau du haut du corps" et appelé les secours. Il n'a pas pu être réanimé et sa mort a été constatée à 4h25.
Ce décès en Charente intervient alors que les syndicats de police dénoncent une hausse des refus d'obtempérer lors des contrôles routiers. En 2022, 13 personnes ont été tuées par la police dans le cadre de contrôles en France, un record qu'autorités et syndicats attribuent à des comportements au volant plus dangereux, alors que des chercheurs incriminent une loi de 2017 modifiant l'usage que les forces de l'ordre peuvent faire de leur arme à feu.
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