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"La police a le droit de tuer maintenant ?" : à Nantes, les habitants du Breil désabusés après une première nuit de violence

Dans le quartier du Breil, les habitants sont encore sous le choc, mercredi, après la mort mardi soir d'un jeune homme de 22 ans tué par un policier lors d'un contrôle.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Centre paramédical incendié dans le quartier du Breil à Nantes, le 4 juillet 2018. (SEBASTIEN SALOM GOMIS / AFP)

Le quartier du Breil au nord de Nantes au lendemain d’une nuit de violences consécutive à la mort d’un jeune homme de 22 ans tué par la police lors d'un contrôle, les habitants sont sous le choc.

Un calme de surface règne dans le quartier du Breil. La tension est palpable dans les échanges avec les habitants, les mères de familles comme les plus jeunes. Depuis mercredi matin, les services de la voirie effacent tout ce qui rappelle les violences de la veille au soir. Impossible pourtant de rater les locaux du centre d'accueil et du cabinet paramédical ravagé par les flammes.

"Si les parents peuvent calmer les jeunes, ça serait bien"

"Je constate les dégâts comme tout le monde. Tout a brûlé à l'intérieur, il ne reste plus rien. Ce n'est même pas récupérable, même la porte a été défoncée. Ils sont rentrés pour tout exploser. C'est de la violence inutile. Je ne pense pas que ce soit ça qui change quoi que ce soit ou qui ramène qui que ce soit", explique Natacha qui habite ici depuis 12 ans.

Plusieurs habitants s'arrêtent pour prendre des photos. Jean-François a les larmes aux yeux, jamais selon lui son quartier n'avait subi une telle violence. "C'est dur. C'est paradoxal, un lieu d'écoute, de 'paix' et on le brûle... Bon. C'est du matériel mais il y a un mort. Voilà. Il faut simplement espérer que ça se calme et qu'il n'y ait pas d'autres heurts. Si les mamans, les parents peuvent calmer les jeunes, ça serait bien", estime Jean-François.

La version de la police contestée

Sur le lieu du drame des mères de famille discutent entre elles sur les circonstances dans lesquelles ce jeune homme de 22 ans a été tué. Certaines sont très en colère. Elles disent avoir tout vu. Le contrôle policier, la voiture qui recule jusqu'à s'encastrer dans un muret, toujours en morceaux, et le coup de feu qui part. Elles réfutent avec conviction la version des policiers et demandent justice. "C'est faux ! tranche l'une d'elle. Franchement c'est du n'importe quoi ! Tout ce qu'ils [les policiers] ont raconté ce n'est pas crédible."

"Il n'a pas voulu écraser un policier, assure un autre habitant. L'autre, il a dégainé et il tiré dans la gorge. C'est inadmissible de voir ça ! Cela veut dire que la police a le droit de tuer maintenant ? Je comprends ce qu'on fait les jeunes mardi soir"

C'est une bavure policière et je pense que la justice doit être rétablie au nom de cette personne-là. C'est un acte criminel !

Une habitante du Breil

à franceinfo

Une enquête indépendante, rapide : c'est ce qu'a promis Johanna Rolland, la maire de Nantes. "Ici la police tue" pouvait-on lire mercredi soir sur deux draps blancs accrochés à quelques mètres du lieu où le jeune homme est décédé, dans le quartier du Breil, toujours sous étroite surveillance des CRS et des policiers.

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