Adama Traoré : le syndicat de police Alliance 93 appelle à effacer la phrase "contre le racisme et les violences policières" sur une fresque
Une fresque en hommage à Adama Traoré et George Floyd a été inaugurée le 18 juin dernier à Stains (Seine-Saint-Denis). Le syndicat de police dénonce une mention "calomnieuse" et appelle à un rassemblement.
Le syndicat Alliance 93, majoritaire au sein de la police en Seine-Saint-Denis, a appelé samedi sur ses réseaux sociaux à effacer une phrase associant les termes "racisme" et "violences policières", inscrite sur une fresque en hommage à Adama Traoré, située à Stains.
Sur cette fresque, inaugurée le 18 juin par la municipalité aux côtés du comité "La Vérité pour Adama", ont été peints les portraits d'Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans décédé lors de son interpellation en 2016 dans le Val-d'Oise, et George Floyd, Afro-américain de 46 ans tué le 25 mai à Minneapolis (États-Unis) par un policier blanc.
Une mention "calomnieuse" selon le syndicat
C'est la mention "contre le racisme et les violences policières", peinte sur la partie supérieure de la fresque, qui a déclenché l'ire d'Alliance 93, la qualifiant de "calomnieuse". Sur son compte Facebook, le syndicat "dénonce la fresque nouvellement inaugurée à Stains par le maire en personne, en présence du collectif 'Justice pour Adama'. Nous demandons que cette phrase soit repeinte ou supprimée car elle stigmatise la police républicaine."
Alliance 93 a appelé les policiers "à se rassembler lundi 22 juin à 16h devant la fresque située place du colonel Fabien à Stains", ajoutant notamment les hashtags "Haine anti-flics" et "Ultime provocation".
"Un geste infamant et injurieux" pour Assa Traoré
La sœur d'Adama Traoré, Assa Traoré, à la tête du collectif "La Vérité pour Adama", a répliqué dans la foulée samedi sur son compte Twitter : "L’action du syndicat policier Alliance 93, qui appelle à repeindre le mur où est représenté mon frère Adama est un geste infamant et injurieux" dit-elle.
"Effacer mon frère, recouvrir son visage, c’est nier son existence, qui fut déjà bien trop courte, et salir celles de tous ceux qui sont morts comme lui, trop tôt, entre les mains des forces de l’ordre, a-t-elle réagi. Repeindre le visage et le sourire de mon frère, c’est piétiner sa mémoire, c’est offenser ma famille, c’est faire disparaître son nom qui est aussi le mien, celui de nos frères et sœurs, celui de nos enfants."
Assa Traoré a elle aussi lancé un appel au rassemblement devant la fresque de Stains, même jour, même heure "pour contrer le syndicat Alliance 93", remerciant par ailleurs "l'action exemplaire" du maire PCF de Stains, Azzedine Taibi, "pour son engagement courageux pour la vérité et la justice".
ALERTE
— La Vérité Pour Adama (@laveritepradama) June 20, 2020
L’action du syndicat policier alliance 93 qui appelle à repeindre le mur où est représenté mon frère Adama est un geste infamant et injurieux. 1/6 pic.twitter.com/qWIeJjttJw
L'élu s'est fendu d'un communiqué, dimanche 21 juin, pour confier sa crainte face à l'appel au rassemblement du syndicat policier, "une menace à l'ordre public que je ne peux tolérer", écrit-il. "En correspondance depuis hier avec le préfet de Seine-Saint-Denis, je lui ai fait part de mes plus vives inquiétudes quant aux risques de débordement et de troubles à l’ordre public."
Cette fresque est une expression artistique et pacifiste, en soutien et hommage à toutes les victimes de l’injustice.
Azzedine TaibiCommuniqué
"Nous avons toujours dénoncé les violences quelles qu’elles soient", poursuit le maire de Stains. "À Stains, nous avons toujours privilégié le dialogue et le lien entre la police et les habitants. Pour autant nous ne cesserons pas de dénoncer les comportements inadmissibles de certains policiers qui outrepassent leurs droits et se servent indignement de leur position pour exprimer leur racisme et leur mépris des habitants des quartiers populaires."
Sur son compte Facebook, le syndicat Alliance 93 a répondu à Assa Traoré, en précisant le sens de son action : "À aucun moment, nous n’avons suggéré de repeindre ou effacer la fresque de Stains dans son ensemble mais uniquement, et comme nous l’avons écrit, la phrase calomnieuse qui stigmatise l’ensemble des policiers que nous représentons, notamment en Seine-Saint-Denis. Non, il n’y a ni racisme institutionnalisé, ni violences systémiques au sein des forces de l’ordre !"
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