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Allocution d'Emmanuel Macron : "En matière de discriminations, il annonce des mesures fortes pour plus tard, sans qu'un calendrier soit défini" selon SOS Racisme

Selon Dominique Sopo, président de SOS Racisme, interviewé ce lundi sur franceinfo, le chef de l'État "a été extrêmement vague et général dans ses propos".

Article rédigé par franceinfo
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Dominique Sopo, le 18 juin 2015, à Paris. (THOMAS OLIVA / AFP)

Au lendemain de manifestations contre les violences policières et le racisme à travers la France, Emmanuel Macron a promis "de nouvelles décisions fortes pour l'égalité des chances" dans son allocution dimanche soir. Selon Dominique Sopo, président de SOS Racisme, interviewé lundi 15 juin sur franceinfo, le chef de l'Etat "a été extrêmement vague et général dans ses propos".

franceinfo : Le chef de l'Etat a affirmé vouloir être intraitable face au racisme, à l'antisémitisme et aux discriminations. Cela veut dire quoi selon vous ?

Dominique Sopo : On ne sait pas trop. Le chef de l'Etat a été extrêmement vague et général dans ses propos. Je m'étonne qu'il n'ait pas dessiné des lignes plus précises sauf à penser que dire qu'on est intraitables contre le racisme concerne tout ce que l'on découvre dans la police ces dernières semaines. Mais nous aurions pu attendre du chef de l'Etat qu'il soit plus précis sur ce sujet, alors qu'il n'a, sur la question des forces de l'ordre, que réaffirmer un soutien aux forces de l'ordre - ce qui est parfaitement entendable au demeurant - mais sans revenir sur le devoir d'exemplarité des fonctionnaires, notamment lorsqu'ils sont dans des missions régaliennes. Et en matière de discriminations, il annonce des mesures fortes pour plus tard mais là encore, sans qu'un calendrier soit défini ni sans que les secteurs concernés soient réellement évoqués.

Est-ce que vous êtes déçus de ne pas avoir entendu dans la bouche du chef de l'Etat les mots : "violences policières" ?

Oui, je pense qu'il y a quelque chose d'occulté alors même que le chef de l'Etat avait lui-même reconnu l'existence de violences policières après toutes les blessures qui avaient eu lieu en marge ou pendant des manifestations des gilets jaunes, après beaucoup de résistance de la part de l'État. Je rappelle d'ailleurs que le chef de l'Etat avait demandé à Christophe Castaner que des réformes en matière déontologique lui soient proposées. Ces réformes, manifestement, ne sont jamais arrivées, pas plus ces dernières semaines, que lors de la conférence de presse de Christophe Castaner.

Sibeth Ndiaye appelle à rouvrir le débat sur les statistiques ethniques. Faut-il selon vous revenir sur cette notion ?

Je suis toujours stupéfait de la capacité à sortir des marronniers. Les statistiques ethniques, contrairement à ce qui est dit, sont possibles en France, dès lors qu'il s'agit de lutter contre les discriminations. Il y a des étagères entières de rapports dans lesquels il y a des statistiques sur les discriminations que subissent des personnes en raison de leurs origines par exemple maghrébines, sub-sahariennes ou les personnes ultramarines. Il y a des testings massifs qui sont faits par le CNRS. SOS Racisme en tant qu'association fait elle même des études. Il y a l'enquête Trajectoires et origines de l'INED.

En fait, lorsque l'on parle de la lutte contre les discriminations, ce serait bien d'arrêter d'amuser la galerie en expliquant qu'on va avoir un débat sur les statistiques ethniques. D'abord, parce qu'elles existent en partie. Ensuite, parce qu'on sait que mesurer n'est pas la garantie pour lutter contre des phénomènes. Ce qu'on attend de l'Etat, est qu'il propose des mesures pour lutter contre les discriminations raciales sans expliquer qu'il y aurait je ne-sais-quel préalable avant qui l'empêcherait, s'ils ne sont pas mis en place, d'agir sur le sujet.

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