Etats-Unis : "Il y a un dérapage inadmissible dans une démocratie"
Les violences se multiplient aux Etats-Unis pour dénoncer le mouvement Black Lives Matter avec notamment la mort de deux manifestants. Romain Huret, historien des États-Unis à l'EHESS, est l'invité du 23h de franceinfo.
Qui sont ces Américains et miliciens qui prennent les armes pour aller en découdre pour tuer des manifestants qui s'indignent des violences policières ? "Il semblerait que ce soit des miliciens du Wisconsin, un Etat qui a depuis très longtemps des milices. Ce sont souvent d'anciens combattants du Vietnam et qui ont poursuivi la guerre d'une autre manière, mais aussi de la Guerre du Golfe. Ces milices sont extrêmement présentes. Pendant très longtemps, on ne les a pas prises au sérieux, on disait qu'elles faisaient partie du folklore local, mais on a eu des incidents à la fin des années 1990 et la violence a resurgi dans les années 2000. Sur les images que l'on voit, on est dans une vieille démocratie, un Etat de droit établi depuis 1776 et on voit ce pays qui connaît ces émeutes et ce déchaînement de violence", avance l'historien.
Les enjeux de la présidentielle
"Quelque chose dérape dans la démocratie américaine. On voit bien que les règles du jeu, tacitement admises par l'ensemble des citoyens, sont en train de se dérégler. On l'a vu avec George Floyd, au cours de la présidence Trump, il y a toute une série de mesures de la démocratie américaine qui sont en train de s'estomper, de se déplacer. S'il y a un tournant, c'est le sens même de la démocratie américaine : dans quel régime veulent-ils vivre ? Il y a un dérapage qui est tout à fait inadmissible dans une démocratie. L'enjeu de l'élection ne passe pas seulement par le simple port des armes. C'est l'essence même de la démocratie américaine qui est en jeu", indique Romain Huret.
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