La montée des autoritarismes est une "tendance lourde dans le monde entier", selon Amnesty International

Selon Cécile Coudriou, présidente d'Amnesty International France, la montée des autoritarismes est "une tendance lourde dans le monde entier". Interrogée sur France Inter pour commenter la publication ce mardi de son rapport 2021, intitulé "Pourquoi le monde d'après n'a pas eu lieu", elle estime que "c'est tout à fait dommageable" puisque "ce sont 67 pays qui ont créé de nouvelles lois pour restreindre ce qu'on appelle l'espace civique, l'espace dans lequel on peut justement exprimer éventuellement des dissidences".

Cécile Coudriou indique que "bien des pays ont également réprimé ces dissidents. C'est en fait dans 84 pays, que ce qu'on appelle des défenseurs des droits humains ont été sauvagement réprimés, dans 17 sur 19 pays au Moyen-Orient, par exemple". Ainsi pour la présidente d'Amnesty International France, "ce sont vraiment des tendances lourdes à ne plus supporter la moindre critique, notamment d'ailleurs en lien avec la pandémie, mais pas seulement".

Des dérives "y compris en France"

Cécile Coudriou prend l'exemple de la Chine ou encore de la Russie "où il y a également beaucoup de surveillance numérique, des nouveaux outils, dont Pegasus, fabriqué par NSO en Israël". Et donc, "un accroissement des moyens pour pouvoir surveiller et traquer les personnes en désaccord avec les gouvernements".

Ces dérives, Cécile Coudriou dit aussi les constater dans des pays démocratiques "y compris en France", notamment à travers la lutte antiterroriste. "Et c'est également dans 85 pays tout de même qu'il y a eu un usage excessif de la force à l'encontre des manifestants", rappelle-t-elle. "Donc oui, aujourd'hui, il est très dangereux de défendre les droits humains, que ce soit en ligne ou dans la rue".

Enfin, Amnesty International France pointe dans son rapport la multiplication des conflits "alors que tous les yeux sont rivés vers l'Ukraine, et c'est bien compréhensible", dit Cécile Coudriou. "Mais je pense notamment à la Syrie, qui rentre dans sa onzième année d'un conflit extrêmement meurtrier pour les civils. (...) Je pense également à une guerre encore plus oubliée qui est celle du Yémen. Sept ans pourtant, avec des conséquences aussi dévastatrices pour les populations civiles". Et de rappeler aussi la guerre dans la région du Tigré, en Ethiopie, "où ce sont vraiment des atrocités qui sont commises".