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Violences sur Hedi à Marseille : le parquet général requiert le maintien en détention du policier mis en cause

Ce policier de la BAC est suspecté d'être à l'origine d'un tir de LBD, début juillet, qui a conduit à l'amputation d'une partie du crâne d'Hedi, un jeune homme de 22 ans, pendant les émeutes urbaines qui ont suivi la mort de Nahel.
Article rédigé par franceinfo
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Des policiers lors des émeutes à Marseille le 30 juin 2023. (SEBASTIEN NOGIER / EPA)

Le parquet général d'Aix-en-Provence a requis le maintien en détention provisoire du policier soupçonné de violences contre Hedi début juillet à Marseille, dont l'appel doit être examiné ce jeudi matin, a appris mercredi 2 août franceinfo de source proche du dossier, confirmant une information de Marsactu. Cette réquisition du parquet général date du mardi 25 juillet, quelques jours après le placement en détention de l'agent.

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Cet appel formé par ce policier de la Bac, placé en détention provisoire depuis la fin du mois de juillet, sera examiné jeudi 3 août, à 8h30, par la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence. L'audience aura lieu dans la salle d'assises, plus grande, en raison du monde attendu, et devrait durer une heure à une heure et demi. Selon une source judiciaire, la décision ne sera pas obligatoirement rendue ce jeudi car elle peut être mise en délibéré.

Ce policier marseillais est suspecté d'être à l'origine d'un tir de LBD début juillet, qui a conduit à l'amputation d'une partie du crâne d'Hedi, un jeune homme de 22 ans, lors des émeutes déclenchées par la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre. Ce placement en détention provisoire du policier marseillais a déclenché un mouvement de protestation chez une partie de ses collègues en France, certains se mettant en arrêt maladie ou n'assurant plus qu'un service minimum.

La cour d'appel examinera également l'appel sur le contrôle judiciaire de l'un des trois autres policiers mis en cause pour la même affaire. Cette dernière audience sera à huis clos.

Une décision saluée par l'avocat d'Hedi

Pour Jacques Preziosi, avocat du jeune Hedi, cette réquisition est "une continuité dans la décision de justice pour tous les magistrats qui ont eu à connaître cette affaire". "Quatre magistrats à qui on a soumis le dossier ont tous estimé qu'il y avait des faits concordants et graves pour prendre cette mesure." Jacques Preziosi attend la décision de la cour d'appel jeudi matin et "espère que nous serons toujours dans la continuité de cette logique judiciaire".

Alors que les syndicats de policiers n'ont pas appelé à des rassemblements avant la décision de la cour d'appel, contrairement à ce qu'ils avaient fait lors du placement en détention provisoire du policier suspecté du tir de LBD, l'avocat y voit "un signe de progrès dans le comportement". Selon lui, "il n'est pas admissible que les policiers contestent les décisions de justice. Ce ne sont pas des hurluberlus qui ont décidé. Ce sont des gens qui ont étudié les dossiers", tient à rappeler Me Preziosi. "Un magistrat n'est pas content de mettre en prison un policier. Mais par contre, c'est son métier et c'est son devoir de le faire quand le dossier l'impose. Et c'est bien de cela qu'il s'agissait." "Les policiers se tiennent mieux", constate l'avocat.

Olivier Véran a appelé Hedi 

"Il y a une bonne nouvelle. Hier soir, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a donné un coup de fil à Hedi pour la première fois", a affirmé Jacques Preziosi. Par ce coup de téléphone, Oliver Véran "fait part enfin de sa sollicitude, de sa bienveillance, du fait qu'il dit lui souhaiter un prompt rétablissement", précise l'avocat. Des paroles "très apaisantes et très rassurantes pour Hedi, qui commençait à se demander s'il existait vraiment une reconnaissance du statut de victime dans notre pays qui, je le rappelle, est celui des droits de l'homme".

L'avocat souligne que "le président de la République ne s'est pas fendu d'un tweet comme il le fait souvent", mais la "conversation" d'Hedi avec Olivier Véran mercredi est "apaisante". "C'est rassurant et c'est bon pour le moral." Le jeune homme a été "touché dans sa chair. Mais il a été touché aussi psychologiquement par cet abandon des autorités", souligne Jacques Preziosi. "La victime, c'est lui. C'est une victime innocente. Il mérite intérêt, il mérite attention."

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