"Que la France devienne un narco-Etat, nous n'en sommes pas là", estime la procureure de Paris au sujet d'une "mexicanisation" du pays
"Que la France devienne un narco-Etat, nous n'en sommes pas là", a balayé la procureure de Paris Laure Beccuau lundi 27 mai sur franceinfo, alors qu'une délégation de magistrats mexicains appelle la France à prendre des mesures d'urgence contre le narcobanditisme pour ne pas se retrouver d'ici quelques années dans la même situation qu'au Mexique.
"La définition d'un narco-État, c'est le fait que toutes les instances décisionnelles sont pénétrées, infiltrées par les trafiquants, y compris des juges, parfois des magistrats", a-t-elle posé. "Dès lors, les décisions qui peuvent être prises au niveau législatif, judiciaire ou tout autre sont influencées par les trafiquants, nous sommes loin d'en être là", a-t-elle estimé. Une commission d'enquête sénatoriale a décrit mi-mai une France submergée par le narcotrafic, étrillant même l'exécutif qui n'a pas pris la mesure de "l'ampleur de la menace".
"On a une criminalité organisée qui apparaît sur tous les plans de notre territoire et notamment sur le narcotrafic. Nous avons des moyens de lutte, nous remportons des réussites, mais il faut toujours continuer la lutte parce qu'une des spécificités de la criminalité organisée, c'est qu'elle est évidemment extrêmement adaptable."
Laure Beccuau, procureure de Parissur franceinfo
Les sénateurs ont également souligné "l'émergence de la corruption des agents publics et privés". "Je ne sais pas si la corruption augmente ou si nous la cherchons mieux, si nous l'identifions mieux, si les administrations elles-mêmes ont pris de nouveaux dispositifs pour l'empêcher", a indiqué la procureure de Paris. "Il ne faut pas se leurrer", a expliqué la magistrate, pour qui "la criminalité organisée" tente de corrompre "ceux qui sont susceptibles de les entraver, soit de corrompre ceux qui sont susceptibles de les aider".
"Je pense à la police, aux surveillants pénitentiaires, aux douaniers, aux dockers, ça peut être des élus parce que l'on va utiliser un local municipal pour entreposer les stupéfiants", a-t-elle developpé, rappelant que "l'actualité médiatique et judiciaire récente démontre que les élus ne doivent pas se considérer hors champ des cibles possibles des narcotrafiquants". L'ex-maire socialiste de Canteleu (Seine-Maritime) est jugée à partir de lundi, soupçonnée d'avoir fait pression sur les services de police pour qu'ils ne gênent pas le trafic de drogue sur la commune normande. Début avril, dans l'Yonne, la maire d'Avallon a été mise en examen après la découverte de 70 kg de cannabis à son domicile.
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