Servier pose ses conditions pour indemniser les victimes du Mediator
Servier avait déjà promis d'indemniser les victimes du Mediator - on le savait depuis deux mois. Mais aujourd'hui le laboratoire pharmaceutique a posé ses conditions. Celles-ci sont relativement simples : ceux qui seront indemnisés devront s'engager à abandonner les poursuites judiciaires.
Bien sûr, le groupe ne présente pas l'histoire de cette façon. Il préfère mettre l'accent sur le fait qu'il indemnisera plus largement que la loi ne le prévoit. Des procédures sont prévues par la loi Kouchner de 2002.
_ Mais Servier va plus loin, et propose un fonds d'indemnisation “complémentaire” , pour les patients exclus de la procédure légale.
Selon le communiqué officiel, “par dérogation au droit commun et par souci d'équité, ce fonds complémentaire indemnisera les patients, même lorsque le Mediator leur a été prescrit en dehors des indications prévues dans l'Autorisation de mise sur le
marché”.
_ La précision n'arrive qu'ensuite : “les personnes qui auront de manière facultative décidé de bénéficier de ce fonds renonceront à toute action judiciaire” .
Ce fonds, qui reste soumis à l'aval des ministres de la Justice et de la Santé, bénéficiera d'une "première dotation" de 20 millions d'euros.
Les réactions ne se sont pas faites attendre : UFC-Que Choisir a bondi. “On avait demandé à ce que ce soit un fonds qui soit sous le contrôle de l'Etat, et là, on se retrouve avec un fonds sous le contrôle de Servier (...) C'est la première chose qui nous paraît aberrante.
_ La deuxième, c'est quand on voit qu'ils demandent aux personnes qui passeraient par ce fonds de renoncer à toute action judiciaire (...) On est assez scandalisé que Servier puisse faire une proposition de la sorte”, s'emporte Nicolas Godfroy, responsable du département juridique de l'association.
Même écho du côté de Me Charles Joseph-Oudin, avocat de victimes du Mediator. S'il se félicite ironiquement de voir Servier reconnaître implicitement dans son communiqué la nocivité de son médicament, il “n'imagine pas une seconde que le gouvernement laisse passer une proposition pareille. Je ne peux pas imaginer que le silence des victimes puisse être acheté.”
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.