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Surpopulation carcérale : le parquet de Dunkerque fait la grève des incarcérations

Jusqu'au 5 septembre, à la prison de Dunkerque, on n'incarcère plus. Sauf -précision de taille- pour les faits graves tels les violences sexuelles. C'est la décision du procureur de la République : le magistrat dans une lettre aux enquêteurs de Dunkerque et Hazebrouck demande la suspension de "l'exécution des écrous", en raison du "surencombrement de la maison d'arrêt". _ Les syndicats pénitentiaires saluent une décision "courageuse".
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Actualisé à 13 h avec la réaction du ministère de la Justice

Cette initiative résulte d'un sérieux coup de gueule, mais se veut résolument responsable. La lettre d'instructions envoyée par Philippe Muller le 25 juillet précise que seront mises à exécution les "peines courtes non aménageables", les "peines d'emprisonnement portant sur des faits de nature sexuelle" et celles traitant de "faits de violences commis en récidive", notamment les violences sur conjoint ou enfants.
_ Pour les autres, il faudra repasser.

" Il ne s'agit pas d'effacer, mais de différer la mise à exécution", précise le procureur en colère, qui compte protester ainsi contre la surpopulation carcérale. "Sur Dunkerque, on doit être à 150 personnes détenues pour 100 places, dit-il. Quand vous faites coucher des gens sur des matelas, vous vous heurtez aux obligations liées au respect de la vie humaine, aux problèmes d'hygiène, au risque de violences (entre détenus) et à des difficultés de relations avec les fonctionnaires pénitentiaires".

"Silence, on entasse"

L'initiative du procureur Muller n'est pas du goût du ministère de la Justice : "Le Garde des Sceaux a donné pour instruction au procureur de la République
de Dunkerque de revenir sur les directives qu'il a adressées aux services de
police et de gendarmerie, dans la mesure où celles-ci vont à l'encontre des
objectifs qu'il a rappelés en février puis en mai", a expliqué à l'AFP le porte-parole de la Chancellerie, Bruno Badré.
_ La Chancellerie avait en effet exigé en début d'année l'accélération de l'exécution des peines. Mais au détriment des conditions carcérales, pestent d'une même voix ce procureur dunkerquois et les syndicats pénitentiaires. Le secrétaire général du Syndicat de la magistrature a notamment publié une tribune cette semaine dans le Monde titrée "Prisons : silence, on entasse". Matthieu Bonduelle y relevait que 37 prisons avaient "un taux d'occupation supérieur ou égal à 150%, dont cinq au-delà de 200%".
_ À Dunkerque, une fois n'est pas coutume, les syndicalistes applaudissent la décision du procureur.

Cécile Quéguiner, avec agences

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