Un adolescent soupçonné d'agression sexuelle roué de coups à Roanne : "En France, on ne se fait pas justice soi-même !", s'offusque le procureur
L'adolescent est soupçonné d'agression sexuelle sur une fille de 6 ans. Avant d'être mis en examen et écroué, il a été passé à tabac par le père de la victime. Ce dernier est visé par une enquête pour violences.
"En France, on ne se fait pas justice soi-même", s'offusque le procureur de la République de Roanne Abdelkrim Grini, mercredi 26 octobre sur franceinfo, après le passage à tabac du suspect d'une agression sexuelle contre une fillette de 6 ans dans la ville. "La loi du talion n'a rien à faire dans notre pays. C'est la justice qui doit sanctionner", déclare le procureur de la République.
Dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 octobre, une mère s'était retrouvée nez à nez avec un jeune homme sortant de la chambre de sa fille qui venait de subir des attouchements. La nuit suivante, le père, aidé de trois amis, a retrouvé le suspect et l'a roué de "coups de pied", de "coups de poing" et l'a "fouetté à l'aide d'un câble électrique alors qu'il gisait au sol", précise le procureur. "Il avait le corps lacéré. Les médecins lui ont délivré 10 jours d'ITT."
"La justice a très bien travaillé"
"L'État de droit, c'est de laisser la justice faire son travail, martèle Abdelkrim Grini. En l'espèce, la justice a même très bien travaillé puisque ce jeune homme de 16 ans a rapidement été interpellé puis présenté à un magistrat instructeur qui l'a mis en examen et placé en détention provisoire."
"Quels que soient les faits pour lesquels une personne est soupçonnée, je ne peux pas tolérer que celle-ci soit passée à tabac par la victime ou sa famille. Ce n'est pas ma conception de la société dans laquelle j'aspire à vivre."
Abdelkrim Grini, procureur de la République de Roanneà franceinfo
Le procureur de la République de Roanne en profite pour rappeler le "principe fondamental" de la présomption d'innocence et insister sur le fait que "le parquet a pris sa responsabilité en sollicitant le placement en détention provisoire de ce jeune homme de 16 ans". "Il était normal que la jeune fille qui a subi un traumatisme et une agression très grave et sa famille sachent que ce jeune homme ne pouvait plus lui faire de mal à nouveau parce qu'il a été incarcéré", ajoute le procureur.
"Je ne peux pas admettre qu'on se comporte de cette manière"
"Je peux comprendre la colère du père, reconnaît tout de même le procureur de la République. Mais je ne peux pas admettre qu'on se comporte de cette manière, fut-ce avec l'agresseur de sa fille." En parallèle de l'information judiciaire ouverte pour agressions sexuelles aggravées sur mineur de moins de 15 ans, le parquet de Roanne a d'ailleurs ouvert une enquête pour "violences aggravées ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours" et aggravée par la "réunion" et l'"usage d'une arme".
Le père de famille et ses trois amis seront donc bientôt entendus par la police sur ces faits. Quant à l'adolescent, il nie avoir agressé sexuellement la fillette.
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