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Procès de l'attentat du 14-Juillet à Nice : un soutien psychologique dédié aux enfants "pour préparer un accompagnement dans la réalité"

Le procès de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice s'ouvre lundi 5 septembre. Et les psychologues du centre spécialisé de Nice se préparent à accueillir de nombreux mineurs, pour qui le procès pourrait faire remonter de douloureux souvenirs.

Article rédigé par David Di Giacomo - Théo Uhart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des dessins d'enfants et des peluches déposées sur les lieux de l'attentat, sur la Promenade des Anglais à Nice (Alpes-Maritimes) le 19 juillet 2016 (VALERY HACHE / AFP)

"Ce procès doit être une façon de comprendre ce qu'on a fait ou ce qu'on n'a pas fait dans ce pays pour ne pas voir ce qui se passait. Le procès, c'est la quête de vérité", espère Anne Murris, dont la fille Camille est morte dans l'attentat du 14 juillet 2016. Comme 865 personnes, elle s'est constituée partie civile. C'est quatre fois moins que lors du procès des attentats du 13-Novembre, alors que le nombre de victimes prises en charge est sensiblement le même. 300 personnes supplémentaires devraient normalement se constituer partie civile au début du procès. 

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C'est le cas de David et Eva, qui ont aussi fait un dossier pour leur fille Louise, 7 ans. "On ouvre des droits à Louise donc on lui en a parlé : 'Papa et Maman, ils ont pris une décision pour toi."

"Tu as le droit toi aussi à une aide financière par rapport au fait que tu as été victime d'une chose qu'on n'aurait pas dû vivre. Quand tu seras grande, tu pourras te payer des études, une voiture, ce sera ton argent."

Eva

à sa fille Louise, 7 ans

"Depuis qu'on parle du procès, on recommence à avoir des primo-consultants"

Comme Louise, nombreux sont les enfants concernés par ce procès de l'attentat de Nice, qui a fait 86 victimes dont 15 mineurs. Au Centre d'évaluation pédiatrique du psychotraumatisme de Nice (CE2P), baptisé centre Simone-Veil, "on essaie de préparer un accompagnement dans la réalité". Ce centre unique en France, créé en 2017 pour accompagner les enfants et familles victimes, suit toujours 692 mineurs. 

D'autant que, comme l'explique la professeure Florence Askenazy, cheffe de service de pédopsychiatrie à l'hôpital Lenval, "depuis qu'on parle du procès, on recommence à avoir des primo-consultants. Actuellement, on doit en avoir deux ou trois par semaine qui appellent pour prendre rendez-vous pour des enfants qui n'ont jamais vu personne." S'il est "difficile de quantifier" le nombre de mineurs qui assisteront au débat, la Pr Askenazy l'assure : "il faut les préparer".

Un livret des émotions pour accompagner les enfants

Des associations apporteront un soutien psychologique aux parties civiles, petits et grands, dans les couloirs du Palais de justice de Paris. De leur côté, les équipes du centre Simone-Veil ont préparé plusieurs outils pour accompagner les enfants à distance pendant le procès. Outre la préparation de brochures explicatives sur le procès et son rôle, le centre a édité un "livret des émotions".  "C'est un livre avec des petites icônes d'enfants pour que chacun puisse se projeter", explique la pédopsychiatre Michèle Battista, qui dirige le centre. "Il contient des gommettes qui sont des petits flashs de l'attentat – un camion, un véhicule de pompier, l'hôpital Lenval... – pour que l'on puisse savoir ce qui a pu réamorcer la mémoire et que les enfants s'autorisent à demander de l'aide."

Le CE2P conduira aussi des études spécifiques pendant toute la durée du procès pour analyser son impact sur les mineurs et leurs parents. La concentration, l'attention et la mémoire des moins de 7 ans seront scrutées, tandis que pour les 7-12 ans, ce sera le sommeil qui sera étudié. Enfin, "on va avoir une étude qui sera proposée aux parents pour voir s'ils se remettent un peu plus en question, s'ils ont l'impression d'être plus stressés, plus tendus, moins à l'écoute de leurs enfants", détaille Florence Askenazy. Ce qui permet de faire d'une pierre deux coups : récolter des données et "les soutenir si tel est le cas".

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