Tentative d'attentat sur les Champs-Elysées : comment l'assaillant a échappé aux radars
L'homme de 31 ans a foncé sur un fourgon de gendarmerie avec sa voiture. Franceinfo fait le point sur le profil de l'assaillant, connu des services de renseignement, mais jamais condamné.
Le profil de l'homme qui a attaqué des gendarmes sur les Champs-Elysées, lundi 19 juin, se précise au lendemain de cette tentative d'attentat. Le suspect s'appelait Adam Djaziri et était âgé de 31 ans. Il était de nationalité française et originaire de Tunisie. Il était également fiché S mais n'avait jamais été condamné. Franceinfo revient sur son parcours et détaille comment il a échappé aux radars des forces de l'ordre.
En 2014, il était surveillé par Interpol
Début 2014, deux hommes armées sont contrôlées en Tunisie. Au cours de l'enquête, dans le milieu du banditisme, le nom d'Adam Djaziri fait surface, selon les informations d'Audrey Goutard, journaliste à France 2. Les autorités tunisiennes émettent alors une fiche d'attention auprès d'Interpol. Dans ce document, il est précisé qu'il n'est pas nécessaire d'interpeller Adam Djaziri pour ne pas éveiller ses soupçons. Cette fiche est mise en circulation pendant seulement cinq mois au cours de l'année 2014. Mais ce document ne concernant que la Tunisie, les autorités françaises ne sont pas au courant de son existence.
En 2015, il a fait l'objet d'une fiche S
Les autorités grecques repèrent ensuite Adam Djaziri en raison de ses nombreux allers-retours entre la Turquie et la France pour ses activités en tant que négociant en or. Elles le signalent à la France. En 2015, les services de renseignement français décident de le ficher S car il est soupçonné d'appartenir à la "mouvance islamiste radicale".
En 2016, sa société de négoce d'or fait l'objet d'un contrôle douanier. Rien de probant n'en ressort. La DGSI demande un peu plus tard une perquisition administrative. Sauf qu'il n'y a rien dans le dossier d'Adam Djaziri, si ce n'est la fiche tunisienne de 2014 qui concerne des affaires de banditisme et non de terrorisme. Insuffisant pour lancer une perquisition.
En 2017, Adam Djaziri sort du radar français. La fiche S "est là pour mettre en garde. Elle n’implique pas une surveillance automatique", expliquait déjà franceinfo en 2015.
En 2017, il a pu renouveler son autorisation de détention d'armes
Le Parisien note que les agents administratifs chargés d’instruire les demandes de détention d'armes n’ont pas accès au fichier des personnes recherchées, dans lequel sont notées les fiches S. Ils ne savent pas si le demandeur est dans le radar des services de renseignement ou de la police judiciaire. Mais dans la pratique, il est possible que la recherche soit effectuée par les services de police ou de gendarmerie locaux, s'ils sont sollicités.
L'auteur de l'attaque des Champs-Elysées a fait une première demande de détention d'armes en 2011, soit quatre ans avant qu'il ne soit fiché S. "Lors du renouvellement de février en revanche, pour un pistolet Glock 9 mm, l’homme se trouvait bien sous surveillance policière", remarque toutefois le quotidien francilien.
Une situation problématique pour le Premier ministre. "Personne ne peut se satisfaire, et certainement pas moi, de ce que quelqu'un qui fait l'objet d'un signalement puisse continuer à bénéficier de cette autorisation", a déclaré Edouard Philippe, mardi, sur BFMTV.
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