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Ce que l'on sait de la prison de Bruges où est détenu Salah Abdeslam

Paris demande le transfert en France du prisonnier, recherché depuis les attentats du 13 novembre.

Article rédigé par franceinfo
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Photo prise le 20 mars 2016 de la prison de Bruges où a été transféré Salah Abdeslam. (JOHN THYS / AFP)

Bruges, ses canaux, ses peintres, ses touristes, son image de Venise du Nord... Et, moins poétique, sa prison de haute sécurité, qualifiée de "Guantanamo belge" par un détenu qui s'en était échappé en 2009.  

Suspect-clé dans les attentats du 13 novembre à Paris, Salah Abdeslam, arrêté vendredi après quatre mois de traque, y est détenu depuis samedi 19 mars. Que sait-on de ce bâtiment ultra-sécurisé ?

>> DIRECT. Les suites de l'enquête après l'arrestation d'Abdeslam

Elle est située à 100km de Bruxelles

Après son arrestation, Salah Abdeslam a été transféré à la prison de Bruges, ville touristique située à l'ouest de la Belgique, non loin d'Ostende et de la mer du Nord. La cité est distante de 100 km de la capitale belge, Bruxelles.

Signalée en rouge, la position du centre pénitentiaire de Bruges, à l'ouest de la Belgique.  (GGOGLE MAPS)

Elle peut accueillir 600 détenus

Installé en périphérie de la ville, à quelques centaines de mètres de l'ancienne prison, le centre pénitentiaire est un complexe en briques claires, construit en 1991, et entouré de douves et de grillages. "Etendu sur 20 hectares, doté de 90 caméras et de 1.200 interphones, c’est le plus vaste et le plus moderne de Belgique", détaille L'Obs.

Photo prise le 20 mars 2016 des douves qui entourent la prison de Bruges. (JOHN THYS / AFP)

Construite en forme de croix, la prison peut héberger 504 hommes et 94 femmes, les mères peuvent garder leur enfant avec elles jusqu'à ce qu'il ait atteint l'âge de trois ans. Elle accueille à la fois des prévenus et des condamnés. Il n'y a pas de barreaux aux fenêtres, mais des vitres blindées.

Elle abrite un quartier de haute sécurité au sous-sol

Elle accueille une aile, construite en 2008, réservée aux détenus les plus dangereux.  Le journaliste de France 3 Marc Dana décrit ces conditions de détention particulières : "C'est un quartier sous haute-surveillance, un quartier spécial. Avec des cellules à porte double, gardiens spécialement formés...", détaille-t-il. 

Le mobilier est fixé au sol et les télévisions sont placées derrières des plaques de plexiglas. Les gardiens sont spécialement formés.


Arrestation de Salah Abdeslam : à Bruges, des conditions de détention très particulières

L'Observatoire international des prisons a livré à France Info des détails supplémentaires sur les conditions de détention de Salah Abdeslam. Il se trouve dans un bloc sécurisé au sous-sol qui abrite onze cellules, "très austères, toutes individuelles". Salah Abdeslam ne peut pas disposer d'effets personnels : "Il ne peut pas avoir de brosse à dent, de briquet, absolument rien. Après utilisation, tout doit être remis au personnel pénitentiaire.

Il va pouvoir sortir de sa cellule "uniquement dans un mini-préau très petit et grillagé au plafond", poursuit France Info. Les membres de sa famille "devront attendre plusieurs semaines avant de pouvoir venir le voir. Pour prévenir les risques de suicide ou d'évasion, les gardiens vérifient tous les quarts d'heure, y compris la nuit, par un œilleton, que tout va bien". Salah Abdeslam, comme d'autres détenus, est placé à l'isolement total. Une mesure condamnée par Amnesty International lorsqu'elle se prolonge sur une longue période, comme cela a été le cas dans la prison américaine de Guantanamo. 

Mehdi Nemmouche y est détenu

La prison de Bruges héberge également depuis juillet 2014 Mehdi Nemmouche, l'auteur présumé de la tuerie du musée juif de Bruxelles (qui avait fait quatre morts). Les deux hommes qui ont exfiltré Salah Abdeslam de Paris vers Bruxelles au lendemain des attentats de Paris, y sont également incarcérés.

Certains ont tenté de s'en évader

Quoiqu'ultra-sécurisée, la prison de Bruges a été le théâtre d'une spectaculaire évasion en juillet 2009. Un hélicoptère est venu chercher trois détenus au passé criminel chargé, dont l'un, Ashraf Sekkaki, un "authentique psychopathe", selon les psychiatres, était considéré alors comme l'un des criminels les plus dangereux de Belgique. Un an avant sa fuite par les airs, il s'était rendu célèbre en dénonçant les quartiers de haute sécurité de la prison de Bruges, qu'il avait qualifiée de "Guantanamo belge". Les trois fuyards avaient été arrêtés quelques semaines plus tard au Maroc.

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