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Procès de Salah Abdeslam : une première journée sous haute sécurité et haute tension

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par Delphine Gotchaux, franceinfo - Sarah Moulai
Radio France

Seul membre vivant du commando de jihadistes qui a frappé Paris le 13 novembre 2015, Salah Abdeslam est jugé depuis lundi en Belgique pour sa participation à une fusillade avec des policiers à Forest, quelques jours avant la fin de sa cavale. Le parquet belge requiert 20 ans de prison.

Le procès de Salah Abdeslam s’est ouvert lundi matin à Bruxelles. Il ne comparait pas pour les attaques menées à Paris le 13 novembre 2015 mais pour sa participation présumée à une fusillade avec des policiers à Forest, à la fin de sa cavale en mars 2016. Ce procès en correctionnelle est donc une sorte de  préambule à celui qui aura lieu en France pour les attentats qui y ont fait 130 morts.

>>  DIRECT. Procès de Salah Abdeslam : le parquet belge requiert 20 ans de prison contre les deux prévenus, les débats reprendront jeudi

Dès le début de l'audience, l'accusé donne le ton. Salah Abdeslam entre dans la petite salle d’audience, menotté et encadré par deux policiers d’élite belges cagoulés. Le silence est absolu. Cheveux mi-longs plaqués derrière les oreilles et barbe jusqu’au menton, il a le visage plus bouffi que sur les photos que l’on a vues de lui. Lorsque la présidente lui demande de décliner son identité, il refuse de se lever. "Je ne souhaite pas répondre", dit-il.

"Je n’ai pas peur de vous ni de vos alliés"

Mais finalement, après l’interrogatoire de son co-prévenu, Sofiane Ayari, il se met à parler, plusieurs minutes. Sa voix ne tremble pas. "Mon silence ne fait pas de moi un criminel", lance Salah Abdeslam. "Nous sommes là pour vous écouter, répond très calmement la présidente, Marie-France Keutgen, vous pouvez vous défendre". Salah Abdeslam récite alors sa profession de foi musulmane. "Je témoigne qu’il n’y a point de divinité à part Allah", martèle le terroriste présumé. "Faites de moi ce que vous voulez, c’est en mon seigneur que je place ma confiance. Je n’ai pas peur de vous ni de vos alliés", dit-il l’air provoquant.

"Ça dit à quel point il reste radical"

Une attitude qui n’étonne pas vraiment Guillaume Denoix de Saint-Marc, de l’Association française des victimes du terrorisme, présent dans la salle : "On n’est pas surpris qu’il ne parle pas, on s’y attendait. Ça dit à quel point il reste radical, ça dit à quel point il se positionne en victime puisqu’il explique qu’il ne peut pas se défendre et, en même temps, il refuse tous les moyens qui sont mis à sa disposition pour se défendre. C’est pas grave, on va s’en passer", déclare-t-il.

Sofia Ayari, le co-prévenu de Salah Abdeslam, a, lui, choisi une autre posture. Il répond au tribunal, sauf aux questions qui l’impliquent dans la fusillade de la rue du Dries. Dans ces cas-là, il répond qu’il a déjà tout dit et que c’est le troisième homme qui se trouvait dans la planque qui a tiré. Un troisième homme abattu par la police, qui ne peut donc pas dire le contraire. A la fin de cette première journée d'audience, le procès a été suspendu jusqu'à jeudi. Il reprendra avec les plaidoiries de deux parties civiles, puis celles des défenses des prévenus.

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