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Qui est Sven Mary, l'avocat belge de Salah Abdeslam ?

Il aura la lourde tâche d'assister le suspect numéro 1 des attentats du 13 novembre, arrêté vendredi en Belgique. 

Article rédigé par franceinfo
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L'avocat belge Sven Mary, en janvier 2016, à Louvain (Belgique).  (JOHN THYS / AFP)

"Moi, ce qui me motive, c’est de lutter contre l’arbitraire et l’abus de pouvoir." Si Sven Mary, avocat belge de 43 ans, a bien été "révulsé" par les attentats du 13 novembre, cela ne l'empêchera pas, s'il le demande, de défendre Salah Abdeslam. Le suspect-clé des attentats de Paris a été interpellé, vendredi 18 mars, à Molenbeek (Belgique) et a été placé en garde à vue, dans l'attente d'une potentielle extradition vers la France. Sven Mary est arrivé en fin de matinée samedi pour assister à son interrogatoire.  

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Mais qui est ce pénaliste qui entend prendre la défense du terroriste présumé ? Quelle est sa carrière et pourquoi accepte-t-il une telle mission ? Francetv info dresse le portrait de Sven Mary. 

"L'avocat des crapules"

Les clients sulfureux, Sven Mary connaît. Ce qui lui vaut le surnom d'"avocat des crapules", explique 20 minutes. Dans son portefeuille de clients, on trouve le prédicateur islamiste Fouad Belkacem, fondateur de Sharia4Belgium, condamné en janvier en appel à 12 ans de prison et qui plaidait pour l'instauration de la charia en Belgique.

Sven Mary a également défendu Michel Lelièvre, "l'homme à tout faire" du pédophile Marc Dutroux, condamné en 2004 à 25 ans de prison. Il a également défendu Murat Kaplan, surnommé "le roi de l’évasion", ou encore Bruce Sauw, condamné à 20 ans de prison en 2008 pour le viol et le meurtre d’une jeune femme.

Pas habitué des affaires de terrorisme

Sven Mary n'a pas fait des affaires de terrorisme sa principale activité, explique BFMTV. Il est plutôt spécialisé des affaires politico-financières et des dossiers de grand banditisme. Son principal fait d'arme est d'avoir travaillé sur l'affaire Fortis, qui a mené à la démission du gouvernement belge en 2008, indique La Capitale qui rappelle qu'il s'est également illustré grâce au dossier Habran, qui regroupe huit assassinats et une longue liste de braquages. 

Il a également défendu Jean-Paul Belmondo et son ex-compagne Barbara Gandolfi quand les anciens époux ont déposé plainte contre les autorités belges pour diffamation et violation du secret de l'instruction, après des révélations dans le cadre de l'enquête sur une probable escroquerie, sur fond de bataille judiciaire autour de leur divorce. Une affaire complexe résumée par Gala

Contacté par des proches d'Abdeslam

Qui lui a demandé de prendre la défense de Salah Abdeslam ? L'affaire n'est pas très claire. Mais plusieurs personnes ont visiblement contacté le pénaliste, en deux temps. Un premier contact avait été établi dès le mois de janvier, selon les révélation de l'agence de presse Belga. Une information confirmée vendredi soir par Sven Mary lui-même. A L'Express, il explique qu'un homme, dont il ne souhaite pas révéler l'identité était "venu (le) voir à (son) cabinet" à cette époque-là. La famille du fugitif démentait alors toute prise de contact avec l'avocat. 

Mais "ce n'est pas la même personne" qui l'a démarché vendredi après l'arrestation de Salah Abdeslam. "C'est quelqu'un de l'entourage proche qui m'a contacté", a précisé vendredi soir l'avocat auprès de la RTBF. Sans préciser son identité. 

Avocat sous condition

Pour Sven Mary, les choses paraissent claires. A L'Express, il martelle un message : "Si sa ligne c'est de dire "je n'étais pas à Paris", ça m'ennuierait, je ne pourrais pas le défendre." Et l'avocat d'expliquer qu'un "dossier comme celui-là, ça change la vie. La mienne, mais aussi celle de mes proches."

Interrogé par Le Soir, il développe : "Mon mandat est de défendre les personnes qui me demandent de le faire. Il faut absolument que les gens fassent la part des choses. Je leur demande ne pas faire d'amalgame. Je ne le demande pas pour moi mais pour mon entourage, ma femme et mes enfants, qui n'ont pas à souffrir de mes activités. Il faut que cela cesse."

Reste à savoir quelle attitude observera Salah Abdeslam lors de sa garde à vue, débutée samedi matin, et qui, conformément au droit belge, ne peut excéder 24 heures. 

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