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Depuis le 13-Novembre, "on a une culture de protection de nos établissements scolaires"

Depuis les attentats du 13-Novembre 2015, le ministère de l’Éducation nationale a pris conscience de la vulnérabilité des établissements scolaires. Les enseignants, les principaux de collèges et les proviseurs de lycées se préparent également au pire.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Image d'illustration  (VINCENT OLLIVIER / MAXPPP)

Les écoles, cibles potentielles d’attentats : depuis les attaques du 13-Novembre, l’hypothèse est prise très au sérieux. Régulièrement, des exercices anti-intrusion ont lieu dans tous les établissements scolaires français. Plusieurs dizaines de proviseurs, principaux et enseignants volontaires participent aussi à des stages de gestion de crise dans un centre de la gendarmerie à Saint-Astier en Dordogne. C’est au cœur de 140 hectares que les enseignants sont mis à rude épreuve. Ils sont placésdans des situations d’extrême violence, qui peuvent se produire au quotidien entre élèves, mais aussi à l’occasion d’un attentat.

Les enseignants manquent cruellement de pratique

Le jour de la simulation, il est huit heures du matin. Un faux élève menace de s’immoler par le feu sur le toit du lycée. Les stagiaires doivent réagir, mais l’exercice n’a rien d'évident. Une enseignante perd ses moyens et n'arrive pas à mettre l'élève à l'abri.

Dans cette situation de crise, je reconnais que je n’ai vraiment pas été bonne.

Une enseignante en stage

sur franceinfo

"Les enseignants n’ont pas l'habitude de cet aspect pratique, indique le lieutenant-colonel Alain, chargé de superviser la formation. Quand on regarde leur méthodologie de travail, ajoute l'officier, on trouve de nombreux catalogues, des fiches et des guides, certes très bien faits et très complets mais que les enseignants ne se sont pas appropriés." 

Apprendre à avoir de bons réflexes

Une deuxième simulation débute. Une salle de classe, des élèves... et une agression au couteau. Comment réagir dans une telle situation ? "Ça va très très vite. Quand on est pris dans la panique, ce n’est pas simple d’avoir les bons réflexes", précise le principal d’un collège du Cantal. Les réflexes, c'est ce qui manque à ces chefs d’établissements, confirme le lieutenant-colonel Alain. "Il ne faut pas aller trop vite, ça ne sert à rien. Il faut prendre son temps", dit-il.


"Le terrorisme, c’est nouveau. Donc nous apprenons à vivre avec. Et à être formés pour que des réflexes soient acquis", explique Nicole Arestier, proviseure d’un lycée de l’académie de Toulouse. 

Si un attentat se produit, il faut que nous puissions nous servir de ce que l'on a appris en formation

Nicole Arestier, proviseure dans l'académie de Toulouse

Aux dires des participants, cette formation est utile. "Maintenant, on a une culture de protection de nos élèves, de nos personnels, de nos établissements", explique Marie-Laure Bouillé, principale d’un collège de Haute-Savoie. 

En deux ans, 500 chefs d’établissements ont été formés

Depuis les attentats du 13-Novembre 2015, il a fallu mettre en place une liste d'attente pour s’inscrire à ces formations, tant la demande est forte. Trois centres de formation similaires vont donc voir le jour dans les prochains mois, à Melun (Seine-et-Marne), Tulle (Corrèze), et Rochefort (Charente-Maritime). "On a formé environ 500 chefs d’établissements depuis juillet 2014. Désormais, on va en former 500 par an", précise Dominique Berthelot, coordinateur de ces stages pour le ministère de l’Éducation nationale. 

Dans les prochains mois, ces 500 proviseurs et principaux vont forger cette culture de sécurité encore émergente dans l’Éducation nationale. Ils vont à leur tour ramper dans le noir et la fumée, avec treillis et casque, pour simuler une évacuation. Ils auront ensuite pour mission de former leurs équipes à savoir réagir en situation de danger.

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