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Après l'assaut de Saint-Denis, trois incertitudes qui demeurent

L'enquête progresse, mais des questions sur l'opération antiterroriste, et, plus largement, sur les attentats de Paris, n'ont toujours pas de réponses.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des membres de la police technique et scientifique devant l'entrée de l'appartement où a été donné l'assaut le 18 novembre 2015 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

"L'assaut mené cette nuit en a été la démonstration." Pour le procureur de la République de Paris, François Molins, l'enquête a "considérablement progressé" depuis vendredi 13 novembre, jour des attentats perpétrés à Paris.

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Pourtant, il existe encore des zones d'ombre, jeudi 19 novembre. En voici trois.

1Combien de personnes ont été tuées lors de l'assaut à Saint-Denis ?

Combien de terroristes ont été tués pendant l'assaut des forces de l'ordre sur l'appartement de Saint-Denis ? L'état des corps empêche le procureur de Paris d'établir "un bilan précis du nombre définitif et des identités des personnes décédées". Seules certitudes : trois personnes ont été arrêtées sur le palier de l'appartement et placées en garde à vue. Au moins deux individus ont été tués : la femme qui s'est fait exploser et un autre suspect. La kamikaze serait la cousine d'Abdelhamid Abaaoud, Hasna Aitboulahcen, placée sur écoute et localisée avec l'aide du Maroc.

Mais il pouvait aussi y avoir une sixième personne dans l'appartement, selon le Raid. "Malgré les recherches minutieuses, nous n'avons pas pu déterminer immédiatement s'il y avait deux ou trois terroristes décédés", indique Jean-Michel Fauvergue, qui dirige l'unité d'élite de la police.

2Où sont Abdelhamid Abaaoud et Salah Abdeslam?

Tué pendant l'assaut ou en fuite ? L'incertitude plane sur la situation d'Abdelhamid Abaaoud, considéré comme l'organisateur des attentats du 13 novembre. Ce Belge, tête d'affiche du contingent des jihadistes francophones du groupe de l'Etat islamique, était la cible de l'opération menée à Saint-Denis.

Selon le procureur de Paris, François Molins, les enquêteurs ont recueilli lundi un témoignage "faisant état de la présence d'Abaaoud sur le territoire français". Ce témoignage, "qui a fait l'objet de nombreuses vérifications téléphoniques et bancaires", a abouti à l'assaut contre l'appartement de Saint-Denis.

La traque se poursuit aussi contre Salah Abdeslam, 26 ans, soupçonné d'être un des membres du groupe qui a mitraillé vendredi les terrasses de cafés et restaurants parisiens. Il est activement recherché, notamment en Belgique, où il aurait été exfiltré samedi matin depuis Paris.

François Molins l'a confirmé lors d'une conférence de presse mercredi 18 novembre dans la soirée : ni Abdelhamid Abaaoud, ni Salah Abdeslam ne figurent parmi les huit personnes interpellées et placées en garde à vue à l'issue de l'assaut. Les enquêteurs sont donc suspendus aux conclusions des équipes de police technique et scientifique. Celles-ci sont en train d'identifier les corps retrouvés sur place. Un travail laborieux, car ils sont sévèrement abîmés par les violentes fusillades et les explosions.

Selon des sources officielles belges qui souhaitent rester anonymes et selon des milieux proches de l'enquête, cités par la RTBF jeudi matin, ni Abdelhamid Abaaoud ni Salah Abdeslam ne figurent parmi les personnes mortes lors de l'assaut de l'appartement dyonisien.

3Qui sont le ou les véritable(s) commanditaire(s) des attentats ?

"On est parti on commence." Ce SMS a été envoyé vendredi à 21h42 par un membre du commando terroriste. Il apparaît dans un téléphone portable découvert dans une poubelle à l'extérieur du Bataclan. Le parquet de Paris a confirmé cette information de Mediapart et du Monde, mercredi, à France 2.

Le procureur de Paris en a reparlé lors de sa conférence de presse dans la soirée : "Les investigations s'attachent bien évidemment à déterminer le destinataire de ce message." 

L'exploitation de "vidéosurveillances, écoutes, géolocalisation, perquisitions, recueil de témoignages et recoupements des services de renseignement" "permis à ce stade d'établir une importante logistique mise en place par les terroristes", "des véhicules, de la téléphonie, des armes et des logements conspiratifs", assure François Molins. Mais il manque des pièces au puzzle, qu'il faut de surcroît encore assembler pour comprendre  la "logistique d'ampleur" déployée par les "terroristes" qui ont frappé Paris le 13 novembre.

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