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Assaut à Saint-Denis : "On est face à des individus qui se battent comme sur un champ de bataille"

Ancien chef des négociateurs du Raid, Christophe Caupenne analyse l'opération antiterroriste menée mercredi matin à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Article rédigé par Hervé Brusini - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des policiers à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) lors d'une opération antiterroriste, le 18 novembre 2015.  (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Des échanges de tirs, des morts et plusieurs interpellations. Les policiers du Raid ont mené, mercredi 18 novembre à l'aube, une opération antiterroriste de grande ampleur à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) dans l'enquête sur les attentats de Paris. Ancien chef des négociateurs de cette unité d'élite, Christophe Caupenne revient sur la difficulté de telles opérations.

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Francetv info : Comment organise-t-on une telle opération ?

Christophe Caupenne : En premier lieu, on doit agir par surprise. Cela justifie l'heure de l'intervention, en pleine nuit, autorisée par les conditions de l’état d’urgence. Ensuite, on intervient en force parce qu’on ne sait pas combien d’individus sont retranchés à l’intérieur et qu'on peut tomber sur des gens déterminés à mourir les armes à la main. Apparemment, ce matin, il y avait beaucoup plus de monde que prévu, avec des niveaux de dangerosité extrême. Ce sont des individus entraînés, peut-être une cellule logistique ou une cellule combattante.

Cela me rappelle le gang de Roubaix en 1996. Il s’était retranché et avait causé des dégâts importants. Plusieurs policiers avaient été blessés, après plusieurs heures de combat. Ce matin, on est dans la même configuration, sauf qu’en plus, il y a des explosifs. Cela accroît grandement le niveau de dangerosité.

Dans une zone urbaine et peuplée comme Saint-Denis, comment gère-t-on la population ?

Il y a deux solutions. Soit on a la possibilité d’évacuer les gens dans des conditions de sécurité optimale, sans qu’ils soient touchés, soit on sanctuarise donc on laisse les gens confinés à l’intérieur avec une consigne. On s'en occupe après coup, une fois que le combat a commencé. Au début, personne n’est averti.

A-t-on affaire à des délinquants avec des armes ou à des professionnels ?

On est face à des individus qui se battent comme sur un champ de bataille. C'est une situation de guerre, un conflit classique tel qu’on les connaît, avec une position armée et des individus retranchés dans leur environnement. Ils ont l’avantage du terrain au départ, mais après, les forces de l’ordre bouclent la zone et elles ont l’avantage du temps.

Cette opération vise en particulier Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des tueries, que l'on pensait en Syrie. Est-ce qu'il faut revoir la manière dont on surveille les allées et venues de ces gros poissons ?

Oui, et sérieusement. Il va falloir qu’on regarde précisément quel est le circuit d’acheminement de ces gros poissons, des zones où ils se trouvaient jusqu’à Saint-Denis. Si cela se trouve, on a beaucoup plus de terroristes présents sur le sol national qu’on ne le pense. Il va y avoir une modification complète du suivi des suspects, au moins de tous ceux qui ont été repérés.

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