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Attentats de Paris : qui est Foued Mohamed-Aggad, le troisième kamikaze du Bataclan ?

Le troisième assaillant de la salle de concert, originaire du Bas-Rhin, aurait tenté d'intégrer la police française il y a quelques années, sans succès. Il était parti en Syrie en 2013.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Capture d'écran d'une photographie non datée de Foued Mohamed-Aggad, postée sur Facebook. (MAXPPP)

L'identité du troisième terroriste du Bataclan a été révélée par la police, mercredi 9 décembre. Il s'agit de Foued Mohamed-Aggad, un Alsacien de 23 ans qui a grandi à 60 kilomètres de Strasbourg. Le jeune homme, qui s'est rendu en Syrie en 2013, a pris part aux attentats du 13 novembre aux côtés de Samy Aminour et d'Ismaël Omar Mostefaï.

Francetv info dresse le portrait du jihadiste, décrit par ses proches comme "gentil", mais "influençable".

Il était un enfant "gentil", mais "influençable"

Foued Mohamed-Aggad habitait jusqu'à son départ dans un quartier HLM de Wissembourg (Bas-Rhin), une ville alsacienne de 9000 habitants située à la frontière allemande. Il y vivait avec sa mère, son frère et ses deux sœurs, précise l'AFP.

"Pour moi, c'est un gamin vraiment très gentil à la base, mais influençable, et je pense qu'il a eu, à un moment, une fréquentation qui l'a mené à ce qu'il a fait, se remémore le président d'un club de football local. Il n'avait pas un caractère de meneur." "Selon sa mère, c'était un garçon adorable, câlin, très aimant", ajoute Françoise Cotta, l'avocate de la mère de Foued Mohamed-Aggad.

Le futur jihadiste était toutefois colérique. "Parfois, il piquait des crises, il tapait dans les murs et puis il cassait pas mal de choses, raconte Christian, un voisin, à RTL. A l'intérieur, [il avait] peut-être un peu de haine envers les gens mais il était toujours comme ça, je ne m'en occupais pas. Il était quand même (...) bien vis-à-vis de sa mère." 

Il "aimait faire la fête"

L'ancienne petite amie de Foued Mohamed-Aggad, qui a découvert son rôle dans les attentats dans les médias cette semaine, explique à RTL ne jamais avoir eu le moindre soupçon sur ce qu'il allait devenir. "Il sortait souvent, consommait de l'alcool et aimait faire la fête", se souvient la jeune femme, qui est restée en couple avec lui durant quatre ans, à Toulouse.

"Il fumait des joints, il se mettait des mines", raconte encore un ami d'enfance du jihadiste, contacté par l'AFP. Le jeune homme se souvient d'avoir "fait les 400 coups" avec Foued Mohamed-Aggad. 

Une ancienne partisane du groupe Etat islamique, citée par le journaliste spécialiste du jihadisme David Thomson, évoque même son succès auprès des femmes. "Il était celui avec lequel toutes les sœurs [les musulmanes] voulaient se marier", explique-t-elle.

Il aurait tenté (sans succès) d'intégrer la police et l'armée

Le jihadiste était "tout sauf un délinquant", selon Leïla, une de ses anciennes voisines, interrogée par Le Parisien. La police n'aurait d'ailleurs jamais entendu parler du jeune homme, qui n'avait "pas de passé judiciaire ou carcéral" en France, selon le journaliste David Thomson.

Foued Mohamed-Aggad aurait toutefois tenté de passer le concours d'entrée de la police, selon le Parisien. "Il l'a manqué, comme il a échoué à intégrer l'armée, explique Youcef, un autre voisin. Sur le coup, ça l'avait vraiment déçu, et maintenant, avec ce qu'il s'est passé, je me dis que ça a dû jouer." "L'armée, il m'en parlait tout le temps, c'était vraiment ce qu'il voulait faire, confirme Leïla. Après, je n'ai pas su pourquoi cela n'avait pas fonctionné."

Il s'était radicalisé via les réseaux sociaux

Foued Mohamed-Aggad faisait l'objet d'une fiche S pour radicalisation. Il était aussi visé par une notice bleue d'Interpol, une demande d'information sur la localisation, l'identité, l'origine ou les activités de personnes pouvant présenter un intérêt pour une enquête.

Le jeune homme, "assez renfermé", était "assez pieux" dans sa jeunesse, selon un voisin contacté par l'AFP. Mais sans pour autant être ostentatoire. "Son processus de radicalisation a été rapide, quelques mois", estime l'avocate de la mère de Foued Mohamed-Aggad, interrogée par le Parisien

Cette radicalisation aurait eu lieu en 2013 via les réseaux sociaux, selon Le Figaro. Foued Mohamed-Aggad aurait en outre participé à des week-ends de "réflexion", organisés à Lyon par l'un des principaux rabatteurs de jihadistes français, Mourad Fares, arrêté en septembre 2014. Selon son ancienne petite-amie, ce dernier empochait 5 000 euros chaque fois qu'un jihadiste était recruté, rapporte RTL.

Il était parti en Syrie fin 2013

Foued Mohamed-Aggad a rejoint la Syrie fin 2013 avec son frère aîné et huit autres amis, originaires des quartiers du Neuhof et de la Meinau, à Strasbourg. Tous avaient annoncé à leurs familles qu'ils se rendaient à Dubaï pour des vacances, mais avaient en réalité pris la direction de la Turquie. Ils auraient alors "rejoint un camp d'entraînement" en Syrie.

Deux de ces jihadistes sont morts au combat, alors que les sept autres sont rentrés en France, où ils ont été interpellés en mai 2014. Seul Foued Mohamed-Aggad est resté en Syrie. "[Sa] mère a essayé de le récupérer, précise l'avocate François Cotta. Elle voulait partir là-bas au printemps 2015 mais personne ne l'a aidée, elle était toute seule, ce voyage était impossible."

Le jihadiste a toutefois continué de donner "régulièrement" de ses nouvelles à sa famille, selon Le Parisien"[Le dernier contact remonte] à quatre ou cinq mois, via Skype, explique son père, Saïd Mohamed-Aggad. Comme d'habitude, il ne disait rien de son quotidien, d'où il était ou de ce qu'il faisait. Il répondait juste 'ça va, ça va', et parlait souvent du jihad."

Selon la mère de Foued Mohamed-Aggad, le jihadiste s'était marié et venait d'avoir un enfant avec une Française venue le rejoindre en Syrie. C'est cette dernière qui a envoyé un SMS à la mère du terroriste, fin novembre. "Ton fils est mort en martyr avec ses frères le 13 novembre. On m'a ramené ses affaires personnelles", indiquait-elle dans le message.

Fatima, la mère de Foued Mohamed-Aggad, a alors alerté les autorités. Le troisième kamikaze du Bataclan a été identifié grâce à la comparaison de son ADN avec celui de certains membres de sa famille. Mais son identité a été tenue secrète pendant deux semaines, pour ne pas perturber l'enquête, selon les informations de France 2.

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