Attentats : le logeur des terroristes à Saint-Denis affirme avoir agi pour "l'argent"
Reconnaissant avoir eu des "doutes" sur l'implication de ses hôtes dans les attaques de Paris et du Stade de France, Jawad Bendaoud affirme n'avoir pas reconnu Abdelhamid Abaaoud, selon des pièces du dossier consultées par "Le Monde".
Que savait Jawad Bendaoud des terroristes qu'il a hébergés dans un appartement de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) après les attentats de Paris ? Le célèbre logeur, mis en examen le 24 novembre, a livré sa version des faits aux enquêteurs, qui ont constitué un dossier consulté par Le Monde. L'homme affirme avoir principalement agi par cupidité, malgré ses soupçons sur l'activité de ses hôtes.
"J’ai douté, il y avait un truc pas clair, mais je ne vais pas prendre vingt ans pour ça, a expliqué Jawad Bendaoud lors de son audition. Je m’en doutais, mais je voulais l’argent." Une version différente de celle donnée à BFMTV lors de l'assaut du Raid, le 18 novembre, quand il affirmait n'être "pas au courant que c'était des terroristes".
Sympathie idéologique avec Abaaoud ?
Le logeur a accueilli en personne Abdelhamid Abaaoud, sa cousine Hasna Aït Boulahcen et un troisième terroriste non identifié, la veille de l'assaut, vers 22h30. Il assure n'avoir pas identifié le commanditaire présumé des attentats, dont il a pourtant vu des vidéos lorsqu'il était incarcéré pour coups mortels entre 2008 et 2013. "Tout le monde regardait des vidéos de lui en prison. Vous croyez que je lui aurais loué mon appartement si je l’avais reconnu ?", se défend Jawad Bendaoud devant les policiers.
Des éléments laissent toutefois à penser que Jawad Bendaoud était plus proche qu'il ne le dit des terroristes. Le 3 novembre, il a été appelé par un numéro belge, qui, le lendemain des attaques, a appelé un portable belge repéré à proximité des lieux des attentats.
La piste de la sympathie idéologique entre le logeur et ses hôtes n'est pas écartée. Durant sa détention, Jawad Bendaoud a envisagé de s'inspirer des meurtres de Mohamed Merah. "J’y ai peut-être pensé en prison, mais une fois sorti, tout est sorti de ma tête", a-t-il assuré aux enquêteurs.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.