Une famille de victime du Bataclan attaque la Belgique devant la Cour européenne des droits de l'homme
L'avocate des parents de Valentin Ribert estime que la Belgique n'a pas respecté le "droit à la vie" des victimes. "Il est mort parce que les autorités belges ont failli aux obligations qui leur incombent", explique-t-elle, contactée par francetv info.
La Belgique est-elle responsable des 130 morts et des centaines de blessés des attentats du 13 novembre ? Les parents d'une victime du Bataclan, Valentin Ribet, vont déposer un recours auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme, lundi 7 mars, visant les autorités belges. Samia Maktouf, leur avocate, estime que le pays, d'où venaient neuf des treize terroristes, n'a pas pris les mesures nécessaires pour éviter une attaque. Elle invoque la violation du "droit à la vie" garanti par la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH).
"On considère que Valentin n’a pas pu échapper aux balles des terroristes", explique-t-elle, contactée par francetv info. "Il est mort parce que les autorités ont failli aux obligations de sécurité qui leur incombent." Et l'avocate d'évoquer le "laxisme" belge, estimant que les auteurs des attaques sont "des personnes qui étaient connues, surveillées, dont l'allégeance à des organisations terroristes était connue et revendiquée".
La Belgique a-t-elle fait preuve de "laxisme" ?
Elle n'est pas la seule à penser que la Belgique a négligé certaines informations. Jeudi, la presse belge révélait qu'en juillet 2014, un informateur avait averti une policière de la radicalisation des frères Abdeslam. Une information que l'agente affirme avoir transmise à ses collègues de la section antiterroriste, sans suites. "Si on devait constater qu'il y a eu des manquements de la part de la police, je serais votre partenaire pour rectifier cela", a assuré le ministre belge de l'Intérieur Jan Jambon.
Pour appuyer sa plainte, Samia Maktouf cite cette information, mais aussi la situation à Molenbeek, le quartier de Bruxelles où vivaient plusieurs des terroristes. "Sharia4Belgium y tenait des réunions au vu et au su de tous, alors que c'est une organisation terroriste", affirme l'avocate, qui accuse l'ancien bourgmestre de la commune de complaisance envers les islamistes. Pour elle, ce quartier est un "trou noir du jihadisme en Europe", qui menace aussi les citoyens des pays voisins.
"Mes clients ne cherchent pas l’indemnisation"
En revanche, son recours ne vise pas la France. "Pour ce qui est du 13 novembre, les dysfonctionnements sont plus nets de la part de la Belgique", estime l'avocate, qui assure qu'elle ne cherche pas à ménager la France. Elle représente également Latifa Ibn Ziaten, la mère d'une des victimes de Mohamed Merah : "Dans l'affaire Merah, je suis la première à pointer les dysfonctionnements, et il y en a beaucoup."
Samia Maktouf a décidé de saisir d'office la CEDH, qui n'intervient normalement que quand les voies de recours internes au pays ont été épuisées. Pour elle, la famille de Valentin Ribet n'aurait pas eu gain de cause en Belgique, puisque c'est justement le système belge qui a échoué à contenir le terrorisme. Que le recours aboutisse ou non, c'est ce système antiterroriste que l'avocate et les parents de Valentin Ribet – auquels d'autres plaignants pourraient se joindre – espèrent faire évoluer. Ils plaident pour la création d'une politique antiterroriste européenne, qui faciliterait le partage d'informations. "La priorité est de pointer les dysfonctionnements, dit-elle. Mes clients ne cherchent pas l’indemnisation, mais que d’autres vies ne tombent pas. Aucune compensation ne pourra faire revenir Valentin."
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