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Procès des attentats du 13-Novembre : après six mois d'audience, la grande lassitude des parties civiles

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'entrée du Palais de justice de Paris (France) où se tient le procès des attentats du 13-Novembre, le 15 mars 2022 (DANIEL FOURAY / MAXPPP)

Au bout de 93 jours d'audience, une partie des parties civiles disent leur colère et leur lassitude. Elles tardent à obtenir les réponses qu’elles souhaitaient, sont fatiguées des provocations entendues dans le box et n’espèrent plus grand-chose du procès.

Il y a eu au total un mois de suspension d’audience depuis janvier, à cause de cas de Covid-19 dans le box. Par ailleurs, le président de la cour d'assises spéciale a découpé l’examen des faits en tranches, suivant leur chronologie. Conséquence de cette décision : les interrogatoires et débats sur le soir du 13 novembre 2015 n’ont toujours pas eu lieu.

C’est très long, commente David Fritz-Goeppinger, ex-otage du Bataclan qui tient pour franceinfo son journal de bord du procès. "On a l'impression d'être englués, que ça ne se terminera jamais. On arrive à six mois d'audience, on subit le moment. À chaque fois que Salah Abdeslam prend la parole, beaucoup de gens viennent l'écouter comme s'il allait porter une vérité absolue, alors que pas du tout. Il faut s'accrocher, c'est la seule chose qui nous reste."

"On est au milieu d'une brume, avec le sentiment de naviguer à l'aveugle."

David Fritz-Goeppinger

à franceinfo

Salah Abdeslam a multiplié cette semaine les provocations, lancant à une avocate de partie civile : "Vous avez bousillé ma vie", comparant son engagement pour le groupe État islamique en 2015 à celui de ceux qui aujourd’hui soutiennent l'Ukraine. Face à cela, Arthur Dénouveaux, président de l’association de victimes Life for Paris, très présent à l'audience depuis septembre, est arrivé à saturation. Il a annoncé qu'il ne reviendrait pas tout de suite au procès.

Le vice-président de l'association, Olivier Laplaud, explique que "Arthur, comme beaucoup d'autres, s'est beaucoup investi physiquement et moralement dans ce procès. Cela demande énormément de temps, avec une vie à côté. On a un sentiment de frustration, cela pèse beaucoup sur le moral. L'attitude des accusés, les provocations de Salah Abdeslam... et tout cela pour des réponses quasi absentes. À quoi bon ?"

"Une pièce de théâtre"

Beaucoup de victimes qui suivent les débats via la webradio se disent également las des longues querelles entre avocats. Mardi 15 mars, la défense a même quitté la salle. Christophe Naudin, rescapé du Bataclan, se dit épuisé de tout ce temps d’audience passé à d’autres choses que le dossier lui-même : "J'ai vraiment l'impression que c'est une pièce de théâtre. Quand il y a des postures, des rivalités d'ego entre avocats, c'est lassant. J'ai l'impression que ça tourne en boucle. À chaque fois je me dis que je ne vais pas revenir, et je finis par revenir. C'est fatigant parce que cela n'avance pas, c'est vain... Ce n'est pas à la hauteur."

Prévu au départ fin mai, le verdict est plutôt attendu désormais fin juin début juillet.

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