Rapatriement des familles de jihadistes : l'association "Life for Paris" demande une commission parlementaire
Ce mercredi, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné la France pour ne pas avoir étudié de manière appropriée les demandes de rapatriement de familles de jihadistes en Syrie. Sur franceinfo, Arthur Dénouveaux réclame une commission "pour comprendre quelles décisions ont été prises, par qui, pourquoi".
Le président de l'association Life for Paris, Arthur Dénouveaux, estime ce mercredi sur franceinfo qu'il "pourrait être temps que le Parlement nomme une commission" sur la question des rapatriements des familles de jihadistes de la Syrie vers la France "pour comprendre quelles décisions ont été prises, par qui, pourquoi", alors que la Cour européenne des droits de l'homme vient de condamner la France. Il s'interroge aussi sur le rapatriement de la veuve de l'un des membres du commando du Bataclan qui a été effectué seulement en juillet dernier, ce qui n'a pas permis de juger cette femme lors du procès des attentats du 13-Novembre.
franceinfo : Comment réagissez-vous après le rapatriement et la mise en examen de la veuve de Samy Amimour ?
Arthur Dénouveaux : On savait qu'il y avait des veuves en Syrie, les veuves des frères Clain, la veuve de Samy Amimour, et on s'était étonnés à l'époque [du procès des attentats du 13-Novembre] qu'aucune femme ne soit renvoyée devant la justice. On s'était fait une raison en se disant que, de toute façon, qu'elles soient renvoyées ou pas devant la justice, on n'arriverait pas à les faire venir. C'est ça peut-être le plus choquant aujourd'hui. On comprend qu'elle était dans un camp où la justice française aurait pu aller la chercher avant le début du procès. C'est surtout ça qui nous pose question. Ce n'est pas qu'on vient juste de découvrir qu'il était possible de la ramener en France, c'est qu'il a été refusé de le faire auparavant et on ne comprend pas sur quelles bases, qui a pris cette décision et pourquoi.
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Savez-vous pourquoi la veuve de Samy Amimour n'a pas été rapatriée plus tôt en France ?
Ça reste une interrogation et, au-delà de l'interrogation, je ne sais même pas vers qui me tourner pour avoir la réponse parce que je sais déjà que tout le monde va se renvoyer la balle en me disant ‘nous, on considérait qu'elle n'était pas accessible’ ou ‘nous, on considérait qu'elle n'était pas demandée par la justice’ et ainsi de suite. Il y a un flou qui est entretenu par l'administration française et ce flou est préjudiciable à l'image de notre pays, probablement à sa sûreté, mais aussi aux victimes. Ça ne remet pas du tout en cause la qualité du procès qu'on a eu qui était vraiment exemplaire mais, en revanche, il va falloir qu'on s'améliore pour la suite.
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) vient de condamner la France pour ne pas avoir ramené de Syrie les femmes et les enfants de jihadistes français. Qu'en pensez-vous ?
A Life for Paris, on s'est positionnés de manière très claire. On considère que ces enfants sont français, qu'ils ne sont pas coupables des crimes de leurs parents, qu'ils en sont même plutôt victimes et donc qu'ils doivent être rapatriés. Il faut rapatrier les mères et les judiciariser. Il ne s'agit pas du tout de les faire revenir et de les refaire participer à la société avant que la justice ne soit passée. On a d'ailleurs le même raisonnement sur un certain nombre de jihadistes qui sont enfermés dans des prisons (…) dont on ne contrôle pas la garde, c'est important pour notre sécurité. Ce sont des gens qui ont attaqué des Français et donc les victimes françaises méritent que tous ces gens soient rapatriés et traduits devant la justice. Il faudrait surtout qu'on ait une doctrine claire et que cette doctrine puisse être discutée. Là, ce qu'on comprend, c'est qu'au-delà du cas par cas c'est un peu le fait du prince et que les décisions sont prises entre un groupe de personnes qu'on identifie mal, éventuellement peut-être en Conseil de défense. Il pourrait être temps que le Parlement se saisisse de cette question, nomme une commission pour comprendre quelles décisions ont été prises, par qui, pourquoi et savoir si l'on peut vraiment continuer comme ça, parce qu'on n'arrête pas d'être condamnés sur ce sujet-là.
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