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"Ce qui reprend place c'est la vie" : Trois ans après les attentats du 13-Novembre, le patron de la Belle Equipe se confie

Trois ans après les attentats de Paris et Saint-Denis, le traumatisme est toujours là pour les proches des victimes. Grégory Reibenberg, le patron de l'un des bars touchés, a perdu sa femme dans l'attentat. Il s'est confié à franceinfo sur sa vie d'après.

Article rédigé par Alice Serrano
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Grégory Reibenberg, le propriétaire de La Belle Equipe (OLIVIER LEJEUNE / MAXPPP)

Édouard Philippe et Anne Hidalgo ont rendu hommage mardi 13 novembre aux victimes des attentats du 13-Novembre à Paris, trois ans, jour pour jour après le drame. Ce soir-là, une série d'attaques à des terrasses de restaurants, près du Stade de France et au Bataclan ont fait 130 victimes. Parmi elle, Djamila Houd, 41 ans, tuée à La Belle Équipe, le bar tenu par Grégory Reibenberg, son époux. Le patron du bar, présent lors de l'attaque a tenu à rouvrir. Il raconte à franceinfo sa difficile reconstruction.

Franceinfo : Quand on a été victime, comment avancer malgré tout ? Comment penser à l'avenir ?

Grégory ReibenbergPour moi la vie a repris le dessus naturellement, normalement. J'ai eu de petits traumatismes classiques : des bruits de sirènes ou des petites choses comme ça. Mais ça n'a même pas duré trois mois. Après il y a des petites choses, vous ne vous en rendez compte que plus tard. Par exemple, vous regardez la coupe du monde avec vos amis, c'est un moment de joie extraordinaire, vous explosez de joie à la fin. Et l'instant d'après, il y a des larmes mais qui ne sont plus de joie. Pas des larmes de peine non plus, on va dire des larmes de vie. Mais elles sont très puissantes. Parce que d'un coup ça vous tombe dessus, vous pensez à ceux qui auraient dû être là dans ce moment de liesse nationale, le partager avec vous. Voilà c'est comme ça. Ca vous prend, vous ne vous y attendez pas. Dans ces moments vous vous dites qu'une certaine fragilité a pu se développer. 

Quel est votre rapport aujourd'hui avec la Belle Équipe ? Vous y travaillez encore souvent ? Vous y allez beaucoup ?

Je ne vous cache pas que la première année, les premiers mois, j'ai évité de m'y rendre parce que c'est toujours délicat. Même quand les gens viennent vous dire un gentil mot ça reste pesant. J'ai refait la structure même de l'endroit. Le lieu est différent, quelqu'un qui vient à la Belle Équipe pour la première fois en trois ans ne reconnaîtrait plus l'endroit. Pour moi c'était important. Il était hors de question de laisser la place à une banque ou autre. Il fallait que ca reste un lieu de vie. Ce qui prend place c'est la vie, il fallait qu'elle la reprenne. Après je vis avec tous les jours. C'est là, j'y suis. La peur n'évite pas le danger, c'est une certitude. Et puis on ne va pas s'arrêter de vivre. 

Comment voyez-vous les prochaines années ?

J'ai ouvert de nouveaux projets il n'y a pas longtemps. Aujourd'hui, professionnellement, mon objectif c'est de consolider ce qui est déjà monté. Et à côté de ça, mes projets de vie c'est devenir papa à nouveau. Ca me rendrait très heureux dans la vie. Mais voilà, ca ne se programme pas.

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