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Attentat déjoué : les profils et les motivations des suspects se précisent

Les trois suspects ont été mis en examen et ont été placés en détention provisoire. Le procureur de la République a indiqué qu'un jihadiste de l'Etat islamique avait demandé à l'un des suspects de "frapper la France".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Le sémaphore de Béar, à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales), le 16 juillet 2015. (RAYMOND ROIG / AFP)

La garde à vue des trois hommes soupçonnés d'avoir planifié l'attaque d'un site militaire français a pris fin, vendredi 17 juillet au matin. Dans la soirée, les trois suspects, âgés de 17, 19 et 23 ans ont été mis en examen du chef d'association de malfaiteurs terroriste criminelle, et ont été placés en détention provisoire. Dans son communiqué, le procureur de la République de Paris François Molins a révélé des détails sur les informations livrées par les suspects, précisant un peu plus les profils et les motivations des jihadistes présumés.

Ils se sont radicalisés en ligne

Ce sont de jeunes Français peu habitués aux interrogatoires qui ont été placés en garde à vue dans les locaux de l'antiterrorisme dans l'enquête sur un projet d'attaque d'une installation militaire des Pyrénées-Orientales. Aucun des trois suspects, âgés de 17 ans, 19 ans et 23 ans, n'a jamais été condamné. Le communiqué du procureur indique par ailleurs qu'ils ont tous "un niveau baccalauréat". Ils se sont radicalisés sur internet, notamment par le biais de vidéos publiées par les jihadistes de l'Etat islamique. Le benjamin du groupe a possédé jusqu'à 17 comptes Twitter, tous suspendus pour prosélytisme.

C'est sur la toile que les trois hommes ont lié connaissance via les réseaux sociaux et des forums. Mais en octobre 2014, le plus jeune d'entre eux, surveillé par les services de renseignements, a fait l'objet d'un entretien administratif, puis s'est vu interdire toute sortie du territoire. Dès lors, les trois hommes ont utilisé des "applications et logiciels cryptés" pour communiquer. Leur projet consistait d'abord à partir ensemble pour la Syrie pour rejoindre les rangs de l'Etat islamique. 

Le commanditaire était un jihadiste de l'Etat islamique

Un jihadiste du groupe Etat islamique, actuellement présent en Syrie, a demandé à l'un des trois suspects de "frapper" en France, fait savoir le procureur de la République. Selon Le Monde, il s'agirait d'un Britannique. Le plus jeune des trois individus, âgé de 17 ans, a reçu cette consigne quand il s'est retrouvé dans l'impossibilité de partir en Syrie pour y mener le jihad, après avoir été repéré par les services de renseignement, a précisé François Molins.

L'influence de l'Etat islamique sur les projets des trois suspects a été confirmée par les déclarations du plus âgé. D'après le procureur, l'ancien militaire a expliqué s'être "senti investi d'une mission au service de l'EI et vouloir répondre aux consignes de cette organisation terroriste en attaquant une cible sur le territoire français."

Pendant leurs auditions, les trois hommes ont évoqué les attentats commis par Mohamed Merah, mais aussi les attaques qui ont frappé la rédaction de Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Mais ils assurent que le choix de frapper en janvier 2016 n'était pas lié à l'anniversaire de ces attentats parisiens.

La cible était bien un gradé du sémaphore de Béar

Plusieurs médias ont indiqué que les trois hommes avaient pour objectif d'attaquer le fort Béar, un site militaire désaffecté, situé dans les Pyrénées-Orientales et utilisé comme terrain d'entraînement par les commandos. Mais lors de son audition, l'ancien soldat suspecté a confirmé que leur cible était le sémaphore de Béar, site militaire voisin appartenant à la marine nationale. C'est là que l'ex-matelot a été affecté en juin 2013, avant d'être réformé pour "troubles d'adaptation au métier de militaire" en janvier 2015.

C'est à la même période qu'il a rencontré physiquement le suspect âgé de 19 ans, pour évoquer l'attaque de ce site militaire. L'ancien guetteur du sémaphore de Béar savait notamment que le site était "moins surveillé" au mois de décembre et de janvier. Ses deux complices ont déclaré, pendant leurs interrogatoires, que le but était de tirer sur des militaires et de décapiter le responsable de la base. L'ex-marin a indiqué qu'ils voulaient attaquer de nuit, tout en réfutant le projet de décapitation.

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