Bonbonnes de gaz découvertes à Paris : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse du procureur François Molins
Trois suspects relâchés, trois autres déférés au parquet et un mobile toujours inconnu. Le procureur de la République de Paris, François Molins, a fait le point vendredi sur l'enquête concernant l'attentat déjoué aux bonbonnes de gaz dans le 16e arrondissement.
"La puissance de la déflagration aurait pu causer des dégâts majeurs." Le procureur de la République de Paris, François Molins, s'est exprimé, vendredi 6 octobre, sur l'attentat aux bonbonnes de gaz déjoué qui ciblait un immeuble du 16e arrondissement de la capitale dans la nuit de vendredi à samedi. Si trois personnes ont été relâchées, trois autres vont au contraire être présentés à un juge d'instruction en vue de leur mise en examen. Franceinfo revient sur ce qu'il faut retenir de cette conférence de presse.
Le profil inquiétant des trois suspects
Amine A., son cousin Sami B. et Aymen B. vont être présentés devant un juge d'instruction en vue de leur mise en examen notamment pour "tentative d'assassinat en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste". Le parquet a requis leur placement en détention provisoire. Aymen B. et Amine A. sont tous les deux fichés pour radicalisation. Ces derniers communiquaient d'ailleurs par la messagerie Telegram, régulièrement citée pour être utilisée par les jihadistes.
Aymen B., dont l'ADN a été retrouvé notamment sur un bouchon de jerricane et des sacs de gravats disposés dans l'immeuble visée, est né en 1987 et travaille dans une pizzeria où il n'est pas déclaré. "Individu fiché S depuis le 29 juillet 2016 en raison d'un prosélytisme pro-Daesh", selon François Molins, il a été interpellé en possession d'une carte de prépaiement Total qui lui a servi à acheter de l'essence. Il avait été contrôlé en novembre 2016 pour avoir fait une prière sur la bande d'arrêt d'urgence avec Amine A. De nationalité française et sans emploi, celui-ci avait été placé en garde à vue pour son appartenance au mouvement Forsane Alizza, un groupuscule adepte d'un islam ultrarigoriste et dissous en 2012.
Un mobile toujours inconnu
"On n'a pas d'explication logique et définitive sur le pourquoi de cette cible cette nuit-là", a assuré François Molins pour qui il n'y a "aucune hypothèse ni privilégiée ni écartée". Certains médias avaient évoqué un temps une possible méprise des suspects avec l'homonyme d'un militant d'extrême-droite, qui a rédigé des articles anti-islam. "Cette piste semble fausse. Pour l'instant, cela reste très flou", a confié une source policière à L'Express.
Les enquêteurs se heurtent pour le moment à un mur. "Ils ne disent pas grand chose (...) ils ne sont pas vraiment constructifs", a confirmé François Molins, qui espère maintenant que les suspects seront plus bavards face au juge d'instruction.
Un important matériel retrouvé
C'est un habitant de l'immeuble qui a évité le pire. A 4h30, il découvre dans la nuit de vendredi à samedi quatre bonbonnes de gaz et de l'essence déversée. Lorsque les policiers arrivent, ils trouvent aussi quatre seaux et un jerricane "contenant en tout 33 litres d'essence, des sacs à gravats" et "un dispositif de mise à feu composé d'un téléphone portable renfermant une carte Lycamobile, doté d'un amplificateur auquel étaient reliés des câbles électriques, susceptibles d'être actionnés sur commande par un appel", selon François Molins.
Les perquisitions ont également été fructueuses. Au domicile de Sami B., les enquêteurs ont mis la main sur "trois bouteilles de gaz, cinq téléphones et 10 cartes SIM, un lot de cinq sacs à gravats neufs, de nombreux composants électriques et électroniques et de nombreux tickets d'achats d'essence". Au domicile d'Amine A., "du matériel informatique ainsi qu'un appareil à détecter les micros" ont été saisis, tandis qu'à celui d'Aymen B., deux bouteilles de gaz ont été retrouvées. Enfin, c'est dans la voiture de ce dernier qu'ont notamment été retrouvés "deux masques intégraux à visage humain en silicone".
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