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"Je ne comprends pas cet acharnement" : les fidèles de la mosquée de Pantin dénoncent une décision injuste

Après l'assassinat de Samuel Paty, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a annoncé lundi soir la fermeture de la mosquée de Pantin pour ses liens avec la mouvance islamiste radicale. Les 1 300 fidèles seront privés de leur lieu de culte pour au moins six mois.

Article rédigé par Emmanuel Grabey - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La Grande Mosquée de Pantin, en Seine-Saint-Denis, le 20 octobre 2020. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

L'arrêté de fermeture prévoit 48 heures avant que la Grande Mosquée de Pantin (Seine-Saint-Denis) ne ferme ses portes pour six mois, mais devant le petit bâtiment en tôle, peu de monde passe mardi après-midi. Après l'assassinat de Samuel Paty, Kader, un commerçant voisin, a bien senti un changement d'ambiance dans le quartier. "Une peur ? Je ne sais pas, mais une inquiétude, oui, affirme-t-il. Ça s'est passé à Conflans-Sainte-Honorine et le problème s'est déplacé ici. Ça n'a rien à voir. Là, ils ont tout mélangé. Il faut trouver un bouc émissaire."

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Parmi ceux qui s'approchent pour lire l'arrêté, Zoura, une retraitée qui vient parfois le vendredi pour prier. Bouc émissaire ? Pour elle, le terme est bien trouvé. "Ce n'est pas normal, c'est pas juste. Pourquoi fermer cette mosquée ? Qu'est-ce qu'elle a fait, la mosquée ? Ce qu'on veut, c'est qu'il y ait la paix entre tout le monde. Le président de la mosquée, moi, je ne le connais même pas."

C'est une maladresse, ça arrive. Tout le monde fait des erreurs. On est d'accord ?

Zoura

à franceinfo

C'est la publication sur la page Facebook du lieu de culte de la vidéo du père d'élève de Conflans-Sainte-Honorine par le président de la mosquée, Mohamed Henniche, qui est à l'origine de la décision du ministère de l'Intérieur.

La personnalité de l'imam pointée du doigt

À cela sont venus s'ajouter des éléments sur le passé et la personnalité de l'imam principal Ibrahim Doucouré. Ses études au Yémen, par exemple, ou la scolarisation de ses enfants dans une école clandestine. Le ministère de l'Intérieur y voit un lien avec la mouvance radicale. Un argument que rejette Moussa, qui fréquente la mosquée depuis qu'elle a été créée. "Tous les fidèles qui viennent prier ici mangent pour l'erreur d'une seule personne, regrette le jeune homme.

C'est une erreur de sa part et je pense que lui, il sait aussi qu'il a fait une erreur. Il n'y a jamais, jamais eu un prêche qui m'a choqué ou même ne serait ce qu'une phrase !

Moussa

à franceinfo

"Quand je venais le vendredi pour la prière, et qu'il y avait le prêche, quand je ressortait de la mosquée, j'étais apaisé, explique-t-il. Sa façon de parler, quand on écoute ses prêches, c'est poignant et ça vous touche personnellement. Après, il a son point de vue. D'autres cautionnent, d'autres ne cautionnent pas. Mais je ne comprends pas cet acharnement sur lui."

Pendant les six prochains mois, Moussa devra aller prier dans les mosquées des villes voisines, en espérant que celle de Pantin pourra rouvrir un jour.

Assassinat de Samuel Paty : l'incompréhension des fidèles de la mosquée de Pantin - Reportage d'Emmanuel Grabey

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