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Mort de Samuel Paty : un an après, les enseignants face au sujet sensible de la laïcité à l'école

Un an après l'assassinat de Samuel Paty, les enseignants s'interrogent sur l'enseignement de la laïcité à l'école. Les demandes de conseils de la part des professeurs auprès de leur hiérarchie sont de plus en plus nombreuses. 

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Véronique Triaille dans sa classe au collège Henri Matisse, à Nice.  (NOEMIE BONNIN / RADIO FRANCE)

La France s'apprête à commémorer l'assassinat de Samuel Paty, le professeur décapité à la sortie de son établissement par un islamiste, le 16 octobre 2020. L'enseignant avait montré des caricatures de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression (en EMC, Enseignement moral et civique). Des cérémonies sont prévues vendredi 15 octobre 2021, dans les établissements scolaires partout en France, et samedi à Conflans-Saint-Honorine, dans son ancien collège.

Un an après l'émotion immense provoquée par ce drame, c'est avec "plus de conviction" que Véronique, professeur d'histoire-géo et d'enseignement moral et civique à Nice, poursuit son enseignement. "Il faut surtout que je continue de le faire", assure l'enseignante. Certains se disent un peu plus prudents. "Quand je montre les caricatures de Charlie Hebdo, j'y mets peut-être un peu plus de guillemets", confie Philippe, enseignant à Toulon, "parce qu'on ne peut pas s'empêcher de penser à ce qui est arrivé à Samuel Paty."

Dialoguer avec les élèves... et leurs parents

D'autres enseignants évoquent un dialogue plus poussé avec les parents d'élèves : plus expliquer pour éviter les incompréhensions. Car, parfois, des questions se posent dès l'école primaire. Véronique, enseignante depuis 20 ans dans le Var, constate davantage de violence verbale, comme si une digue avait sauté. "C'est anxiogène, même pour les plus expérimentés, affirme-t-elle, quand on en parle dans les écoles, les collègues ne sont pas très à l'aise avec le fait de devoir aborder le sujet."

"Tout ce qui est dans les domaines culturels, par exemple nous on est Provençaux, et on se demande si on peut faire le circuit Marcel Pagnol et aller voir une crèche provençale. Mais qu'est-ce qu'on va me dire ? Par peur de ce qu'on va me dire et pas envie de rentrer dans le débat, eh bien je ne fais pas."

Véronique, enseignante dans le Var

à franceinfo

Aujourd'hui, les consignes officielles de l'éducation nationale sont claires : ne rien laisser passer, et signaler toute atteinte à la laïcité. Au dernier pointage, 547 signalements ont été réalisés en trois mois (entre décembre 2020 et mars 2021), à propos de signes ou vêtements religieux, ou des contestations d'enseignements. Mais leur nombre n'a pas réellement évolué depuis un an. En revanche, les demandes de conseils de la part des professeurs auprès de leur hiérarchie sont plus nombreuses. "Il y a une demande", confirmNathalie Fetnant, conseillère technique du recteur de Nice : "Comment je pourrais m'y prendre ? Comment je donne la parole ? Comment j'introduis le sujet ? Sur quoi je peux m'appuyer ?", lui demandent des enseignants.

Pour être mieux outillés sur ces questions de laïcité, les enseignants sont fortement invités à se former. L'objectif du ministère est que 100% des adultes des établissements scolaires le soient d'ici quatre ans.

Education et laïcité : le reportage de Noémie Bonnin

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