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Prix Samuel Paty : "Ce qui nous a marqué, c'est la qualité de la réflexion de ce groupe et de ce projet", déclare le président du jury

La classe lauréate, une classe de quatrième originaire du Vaucluse, a enquêté sur l'intolérance religieuse passée dans sa région, sous forme de podcasts.

Article rédigé par franceinfo
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Une classe pendant un hommage à Samuel Paty à Toulon, le 13 octobre 2022. (FRANK MULLER / MAXPPP)

"Ce qui nous a marqué, c'est la qualité de la réflexion de ce groupe et de ce projet", a déclaré samedi 15 octobre sur franceinfo Christophe Capuano, président du jury du prix Samuel Paty qui était remis pour la première fois samedi à une classe de 4e originaire du Vaucluse lors d'une cérémonie à La Sorbonne. La classe lauréate a enquêté sur l'intolérance religieuse passée dans sa région, sous forme de podcasts consacrés au massacre des "Vaudois du Lubéron" – 3 000 victimes protestantes au XVIe siècle. "Un autre élément qui nous a beaucoup plu, c'est la façon dont ce travail qui a été réalisé par une classe entière pouvait être réexploité par d'autres classes", a ajouté Christophe Capuano.

franceinfo : Quels sont les éléments que vous avez retenus pour attribuer ce prix à cette classe du Vaucluse ?

Christophe Capuano : Ce qui nous a marqué, c'est la qualité de la réflexion de ce groupe et de ce projet. Une réflexion à la fois historique, sur la façon dont la liberté d'expression a été traitée, mais aussi une réflexion et une mise en perspective géographique. La façon dont cette liberté d'expression peut être malmenée dans certains pays du monde et comment elle peut être revendiquée par des peuples qui aspirent à pouvoir s'exprimer librement comme le montrent, aujourd'hui, ces femmes en Iran qui jettent leur voile.

Est-ce qu'un autre point a retenu votre attention ?

Un autre élément qui nous a beaucoup plu, c'est la façon dont ce travail qui a été réalisé par une classe entière pouvait être réexploité par d'autres classes pour ensuite travailler sur ce que signifie un blasphème, quelles sont les lois qui régissent les grands principes et les fondements de la République et ce qui permet un vivre ensemble selon les valeurs et les principes républicains. Ces dimensions pédagogique et didactique nous ont beaucoup plu. Nous sommes sûrs que des enseignants pourront utiliser cet outil désormais dans leur classe.

Vous êtes vous-même professeur d'histoire-géographie. Depuis l'assassinat de Samuel Paty, certains ont peur et font de l'auto-censure, c'est votre cas ?

Je ne suis pas confronté aux mêmes problématiques parce que j'enseigne à l'université. Les collègues de l'association des professeurs d'histoire-géographie qui organisent le prix ne se censurent pas et se méfient de ces représentations de censures d'enseignants qui sont plutôt ponctuelles. Il y a une volonté des enseignants de réaliser leurs cours, même s'ils reconnaissent parfois que c'est un peu difficile. C'est dans le dialogue, dans l'éducation et dans le long terme – le processus éducatif s'inscrit dans le long terme – que les choses changent. Ce n'est pas en deux ans que tout va changer.

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