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"On est enfermés dans le noir" : les habitants de Strasbourg racontent leur confinement après la fusillade

Un homme a ouvert le feu mardi soir dans le centre historique de la ville, où se tient le traditionnnel marché de Noël, qui attire des millions de touristes venus du monde entier.

Article rédigé par franceinfo
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Un soldat français à Strasbourg (Bas-Rhin) après le déclenchement d'une fusillade, le 11 décembre 2018.  (ELYXANDRO CEGARRA / ANADOLU AGENCY / AFP)

Pendant plusieurs heures, les habitants de Strasbourg (Bas-Rhin) se sont retranchés à l'intérieur de bars, de restaurants ou de leurs appartements, laissant les rues vides après la fusillade survenue dans la ville alsacienne, mardi 11 décembre. La "Grande Ile", le centre historique, a été entièrement bouclée par les forces des l'ordre. Pris par surprise, les passants ont été invités à se mettre à l'abri, jusqu'à la levée du confinement, annoncé par le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, lors d'un point-presse organisé mercredi vers 2h30 du matin.

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Dans les bars et les restaurants 

Elise se trouvait au restaurant avec des amis, tout près des lieux de l'attaque. "On a commencé à entendre des coups de feu et à voir plein de gens courir dans les rues qui allaient tous dans le même sens et avaient l'air paniqué, a-t-elle raconté à franceinfo. Du coup, le gérant du restaurant a appelé la police, qui lui a dit qu'il fallait mettre tout le monde à l'étage." C'est là qu'elle est restée enfermée, avec les autres clients, "dans le noir"

Le maire de Hirson (Aisne) Jean-Jacques Thomas s'est lui aussi retrouvé piégé dans un restaurant d'où les personnels et clients avaient interdiction de sortir. "Toujours à la recherche du fugitif, (...) les forces de sécurité fouillent [l'établissement] dans lequel nous sommes confinés", a-t-il écrit sur Twitter. Il a finalement annoncé, toujours sur le réseau social, avoir pu quitter les lieux aux alentours de 1h45. 

Vers minuit, Jordan était lui aussi toujours confiné dans le bar où il se trouvait. Les forces de l'ordre avaient là encore donné l'ordre à la vingtaine de clients de rester à l'étage. "L'ambiance est plutôt bon enfant, les gérants ont sorti les télévisions et les gens jouent à la Nintendo Switch", a-t-il expliqué à franceinfo.

"Il y a eu une solidarité exceptionnelle de la part des restaurateurs, d'habitants, qui ont recueilli des personnes dans la rue pour les protéger", a tenu à saluer Jean Rottner, le président de la région Grand Est, au micro de franceinfo. "C'est la France qui est capable de se serrer les coudes dans les moments difficiles."

Pendant un match de basket

Les fans de basket étaient massés au Rhénus pour assister à la rencontre de Ligue des Champions entre la SIG et l'Olimpija Ljubljana, un match important de Coupe d'Europe de basket. "Mon voisin de siège a reçu un message sur son portable l'informant de ce qu'il se passait dehors et il y a eu une sorte d'agitation dans la salle", a raconté à franceinfo Arnaud Baud, un spectateur. Après un message à la mi-temps annonçant que les spectateurs ne pouvaient pas sortir pendant la pause, le match a repris. Mais une fois la rencontre terminée, il n'était toujours pas possible de sortir de la salle. "On a interdiction de sortir, les gens de la sécurité bloquent les sorties."

Le facétieux joueur Ali Traoré s'est alors transformé en animateur et a fait chanter Petit papa Noël au public strasbourgeois au micro. La vidéo a été diffusée sur le compte Twitter de la SIG, le club de Strasbourg.

En solidarité avec les victimes de la fusillade qui avait eu lieu à trois kilomètres de là, le public a également chanté La Marseillaise. La salle a finalement été évacuée, tribune par tribune, à partir de 0h30. Le club a même tenté d'organiser un covoiturage pour que chacun puisse rentrer chez lui. 

Au Parlement européen 

Le Parlement européen de Strasbourg était lui aussi confiné dans la nuit. "Le confinement continuera tant que la situation au dehors n'est pas réglée", a déclaré à l'AFP un représentant de la sécurité du Parlement.

En signe de solidarité, le président du Parlement, Antonio Tajani, a tenu à conduire jusqu'au bout la session plénière, dont les débats se sont achevés, comme prévu, à minuit. "Ce Parlement ne se laisse pas intimider par des attaques criminelles ou terroristes. Nous continuons à travailler et réagissons avec la force de la liberté et de la démocratie contre la terreur", a-t-il dit. 

Au bar de l'institution européenne, des parlementaires, des commissaires européens et des membres du personnel étaient rassemblés toute la soirée, attendant l'autorisation de sortir. Certains regardaient des matchs de football sur leurs tablettes, d'autres dînaient. Peu après 2 heures du matin, l'évacuation du bâtiment a commencé.

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