Présidentielle : comment la sécurité va être assurée dimanche dans les bureaux de vote
A quelques jours du scrutin, les villes peaufinent l'organisation et la sécurisation du scrutin. Des mesures ont été mises en place après l'arrestation, mardi à Marseille, de deux hommes soupçonnés de préparer un attentat.
A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, les autorités sont sur le qui-vive. Après l'arrestation de deux hommes soupçonnés de préparer un attentat, mardi 18 avril, la tension est montée d'un cran à l'approche du scrutin et la sécurité des candidats a été revue à la hausse. Mais il n'y a pas qu'eux : les citoyens français seront eux aussi surveillés de près, dimanche.
Dans le Journal du dimanche, le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, a indiqué que plus de 50 000 policiers et gendarmes seront mobilisés pour tenter de sécuriser les 67 000 bureaux de vote répartis sur tout le territoire. A eux s'ajouteront les militaires de l'opération Sentinelle, déployée en renforcement du plan Vigipirate. Et la place Beauvau a aussi adressé une circulaire à l'ensemble des préfectures "tant sur les mesures de prévention à prendre que sur les éventuelles interventions en cas de difficultés".
A Paris, un dimanche sous haute protection
Reste qu'il semble difficile de protéger l'ensemble des bureaux de vote de la même manière, en postant un agent devant chaque bureau. "Ce n'est d'ailleurs pas le cas à Bordeaux, Lille, Strasbourg ou à Paris", précise-t-on du côté des services de la ville de Paris. Avec ses 896 bureaux de vote, la capitale se prépare pourtant minutieusement. Selon les informations recueillies par franceinfo, des réunions pour peaufiner la sécurisation des lieux de vote ont encore eu lieu, mercredi, à la préfecture.
De son côté, la municipalité s'est rapprochée des vingt maires d'arrondissement afin de "mettre en place un dispositif de sécurité complémentaire dans les bureaux où cela leur semblerait nécessaire". Dimanche, en plus des forces de l'ordre qui patrouilleront dans toute la ville, 191 bureaux recevront un renfort de sécurité, dont quatre dans le 5e arrondissement ou deux dans le 9e.
Pour ce faire, Paris va mobiliser 208 agents de sécurité, ainsi qu'une dizaine d'équipes mobiles de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection, qui "circuleront d'un bureau à l'autre tout au long de la journée". Le dimanche s'annonce dense pour les agents amenés à surveiller des lieux aussi variés que des mairies, des écoles ou encore des gymnases, devant lesquels se formeront parfois de longues files d'attente.
"La difficulté de ce genre d’opération, c’est qu’il s’agit de lieux de passage. Il faut être constamment aux aguets. C’est bien plus compliqué que de protéger une foule réunie à un seul et même endroit", explique ainsi une source policière à 20 Minutes. D'autant que le Code électoral interdit la présence d'hommes armés dans ou à proximité immédiate d'un bureau.
Des agents en statique, le stationnement révisé
Qu'en est-il dans les plus petites villes ? Si les préfectures ont délivré des consignes, la sécurisation des lieux de vote retombe, en pratique, entre les mains des maires. A Six-Fours-les-Plages (Var), Jean-Sébastien Vialatte "ne compte pas sur les services de l'Etat", et fera avec les moyens du bord dans cette ville de 35 000 habitants.
On n'a jamais de renforts. Pourtant, ce n'est pas faute d'en réclamer. En tout cas, s'il y en a, on n'a pas été prévenus.
Jean-Sébastien Vialatte, maire (Les Républicains) de Six-Fours-les-Plagesà franceinfo
Environ 30 agents de police municipale, armés et équipés de gilets pare-balles, seront mobilisés pour surveiller la trentaine de bureaux de vote, regroupés en une dizaine de lieux. "Ils seront postés à l'entrée des bureaux et assureront une permanence statique", détaille l'édile, "pas plus inquiet que ça". Une nouveauté, tout de même, pour cette année : la réorganisation du stationnement aux abords des bureaux et notamment dans les cours des écoles. L'habituelle "anarchie" devrait laisser place à un ballet d'entrées et sorties bien organisé pour éviter les regroupements de véhicules.
"Ne pas céder à la psychose"
A Agen (Lot-et-Garonne), on ne connaît pas encore le détail de ce qui sera mis en place, dimanche. "En temps normal, on a une ou deux patrouilles tournantes qui circulent dans la ville. Je pense que le dispositif sera étoffé", affirme Jean Bizet, directeur de cabinet du maire, contacté par franceinfo. Avec 23 bureaux de vote, il faudrait 46 policiers nationaux pour tout surveiller à Agen. Autant dire que ce ne sera pas le cas, dimanche. Mais le responsable de tranquillité publique préfère relativiser. "Agen est une petite ville. S'il y a un problème, une brigade peut intervenir dans l'espace de cinq minutes", assure-t-il.
Pour protéger les électeurs, la mairie a également demandé aux présidents des bureaux de faire preuve d'une vigilance accrue, dans la mesure du possible. "On ne veut pas céder à la psychose, poursuit Jean Bizet. Il faut faire attention, mais l'idée, c'est surtout de trouver le bon niveau de curseur." Pour simplifier la tâche des agents qui seront mobilisés, ainsi que des présidents de bureaux de vote, la mairie a donc choisi de restreindre les entrées aux sites, qui n'auront qu'un seul accès. Et de faire confiance à son expérience.
Depuis ce qui s'est passé à Nice, les villes moyennes ont complètement transformé leur rapport à la sécurité, notamment avec les grandes manifestations. On a pris le pli.
Jean Bizet, directeur de cabinet du maire d'Agen (Lot-et-Garonne)à franceinfo
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