Saint-Etienne-du-Rouvray : pourquoi l'un des terroristes est-il sorti de prison en mars ?
"J'ai envie de reprendre ma vie, de revoir mes amis, de me marier", a affirmé Adel Kermiche, cité par "Le Monde", à la juge d'instruction chargée de son cas. Celle-ci a décidé de lui donner sa chance.
Au moins l'un des deux auteurs de l'attentat de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray était dans le radar des services de renseignement et de justice. Placé en détention provisoire en mai 2015 pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" après deux tentatives de départ en Syrie, Adel Kermiche a cependant été libéré et placé sous bracelet électronique en mars. Le Monde, qui a eu accès au dossier d'instruction, détaille mercredi 27 juillet les raisons qui ont poussé la justice à le faire sortir de prison.
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Selon le quotidien, après son incarcération, la juge d’instruction chargée du dossier d'Adel Kermiche ordonne une enquête de personnalité. A cette occasion, le jeune homme, suivi pour des troubles psychologiques depuis l'âge de six ans, fait amende honorable et dit regretter ses tentatives de rejoindre la Syrie. "J'ai envie de reprendre ma vie, de revoir mes amis, de me marier", affirme à la magistrate celui qui, en cellule, a fait connaissance avec un jeune Français ayant passé dix-huit mois dans les troupes de l'Etat islamique. "Je suis un musulman basé sur les valeurs de miséricorde, de bienveillance. Je ne suis pas extrémiste", assure-t-il.
Le parquet s'était opposé à sa libération
Au vu de cette enquête, la juge décide de lui donner sa chance. Selon Le Monde, elle veut croire à un avenir possible pour le jeune homme, et motive sa décision par le fait qu'il aurait "pris conscience de ses erreurs", qu'il a eu "des idées suicidaires" en prison, qu'il serait "déterminé à entamer des démarches d'insertion", encadré et accompagné par sa famille, selon laquelle il dispose de possibilités d'emploi comme animateur dans un centre de loisirs.
Pas convaincu par ces arguments, le parquet fait appel de la décision de la juge d'instruction, estimant qu'il "existe un risque très important de renouvellement des faits en cas de remise en liberté". Mais en appel, la chambre de l'instruction ne suit pas l'avis du procureur et confirme son placement sous bracelet électronique, avec autorisation de sortir du domicile de 8h30 à 12h30. C'est justement au cours de cette plage horaire qu'il s'est rendu, mardi matin, à l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray.
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