Triple homicide à Dreux : ce que l'on sait de l'enquête après la mise en examen du principal suspect
L'ancien compagnon de la femme retrouvée morte avec leurs deux enfants, jeudi 25 mai dans leur pavillon de Dreux (Eure-et-Loir), a été mis en examen lundi pour "homicides volontaires aggravés" et placé en détention provisoire, a annoncé le parquet de Chartres dans un communiqué, lundi soir.
Le suspect, qui nie toute implication dans les faits, est soupçonné d'avoir porté plusieurs dizaines de coups de couteau sur son ancienne compagne et une dizaine sur leurs deux enfants. Les autopsies des trois corps sont prévues mardi.
Une femme et ses deux enfants tués à l'arme blanche
Ce sont les pompiers qui ont fait la macabre découverte. Une femme de 36 ans et ses deux enfants, un bébé de 18 mois et une adolescente de 13 ans, ont été retrouvés morts dans la matinée du 25 mai dans un pavillon de Dreux. Selon le procureur de la République de Chartres, Frédéric Chevallier, c'est un ami de la femme qui a donné l'alerte. Elle devait l'accompagner chez un garagiste pour "récupérer son véhicule", mais "ne répondait pas lorsqu'il sonnait au domicile de cette dernière (…) ni à ses appels téléphoniques", détaillait un communiqué du parquet publié le soir du drame.
Les corps des victimes présentaient des plaies et les premières constatations ont conduit "à privilégier l'utilisation d'une arme blanche par l'auteur des faits", selon le procureur. L'homme interpellé est soupçonné d'avoir porté "une quarantaine de coups" de couteau sur son ex-conjointe, et une dizaine sur chaque enfant. Les autopsies des trois corps sont prévues "en début de semaine à Rouen".
Le suspect déjà condamné pour des violences intrafamiliales
L'ex-conjoint de la femme retrouvée morte est aussi le père des deux enfants tués. Quelques heures avant la découverte des corps, l'homme avait posté sur Facebook deux messages accusant la victime de l'avoir trompé et d'avoir frappé sa fille, accompagnés de photos montrant des ecchymoses sur un avant-bras, relate France 3. "Je vais arrêter ma vie", écrivait-il. Dans une vidéo, le quadragénaire, malentendant, s'exprime en langue des signes. "Elle m'a déjà trompé avec d'autres hommes, plusieurs fois, et ça, ma fille le savait. (…). Ma femme lui a dit que si elle me disait tout, elle la frapperait."
Interrogés par l'AFP, des voisins expliquent que le couple était séparé depuis environ deux ans. "Il devenait fou, il n'acceptait pas la séparation", explique l'une d'entre eux. Un autre raconte avoir régulièrement entendu "des cris, des disputes". "On se disait : c'est encore eux", dit-il.
Rapidement identifié comme le principal suspect, l'ex-conjoint est immédiatement recherché par les forces de l'ordre. L'homme est déjà connu de la justice. Il a été condamné, le 3 septembre 2021, par le tribunal correctionnel de Chartres, à un an d'emprisonnement, dont quatre mois avec sursis probatoire pendant deux ans, pour des violences aggravées sur son ex-compagne et sur sa fille. L'homme a été détenu entre juillet et décembre 2021. Selon le procureur, ce dernier avait ensuite "évolué convenablement, respectant, pour l'essentiel, les interdictions de paraître et de contact, les obligations et interdictions décidées par la juridiction de jugement".
Début 2023, le juge des enfants avait demandé au juge de l'application des peines de lever l'interdiction de contact avec sa fille pour mettre en place des visites médiatisées (en présence de travailleurs sociaux). "Dans ce cadre, une rencontre a eu lieu en mars 2023, sans difficulté particulière", d'après le procureur.
Son ex-épouse avait déposé deux plaintes en mai
Pour autant, la situation semble avoir de nouveau basculé récemment. La mère de famille a déposé une première plainte, le 9 mai, après "la découverte le 2 mai par elle-même d'un traceur GPS sous sa voiture", selon le parquet. "Elle désignait son ex-conjoint comme étant l'auteur de ce fait." Convoquée le 22 mai, elle ne s'est pas présentée. Son ex-conjoint devait être entendu le 2 juin.
La veille de la découverte des corps, la jeune femme a de nouveau déposé plainte pour vols de bijoux et de documents d'identité, commis entre le 19 août 2022 et le 24 mai 2023, "portant ses soupçons de nouveau sur son ex-conjoint qui aurait conservé le double des clés de leur domicile commun dont il avait interdiction d'approcher".
Le suspect repéré dans un magasin de téléphonie
Le suspect a été interpellé samedi à 11h30 par la police à Plaisir (Yvelines). Il a été reconnu par une employée d'un magasin de téléphonie. "Elle avait déjà vu ce monsieur il y a deux jours, elle a eu la présence d'esprit d'appeler les forces de l'ordre", a salué le procureur sur franceinfo, samedi après-midi.
Placé en garde à vue, le suspect a été entendu par la police judiciaire d'Orléans pour des faits d'homicides volontaires aggravés. Sa garde à vue, initialement de 24 heures, a été prolongée dimanche matin, a appris franceinfo auprès du parquet de Chartres. Le procureur a précisé que le suspect "se dit étranger aux faits criminels sur lesquels il est interrogé" et "nie toute implication dans ces faits".
Une mise en examen pour "homicides volontaires aggravés"
L'homme a été mis en examen lundi pour "homicides volontaires aggravés" et placé en détention provisoire, a annoncé le parquet de Chartres dans un communiqué, lundi soir. "Conformément aux réquisitions prises par le parquet de Chartres, le juge des libertés et de la détention a décidé de placer le mis en examen en détention provisoire", a précisé le procureur de la République de Chartres, Frédéric Chevallier. Lundi, le suspect "a continué de contester toute participation à ces faits, en indiquant qu'il était victime d'un complot", selon le procureur.
Avant sa mise en examen, le procureur avait annoncé à l'AFP que le suspect avait été hospitalisé, après s'être blessé volontairement lundi avant sa présentation à un magistrat du parquet de Chartres. Le suspect semble avoir "essayé de s'étrangler" pendant son défèrement au parquet, "avant son passage devant le JLD (juge des libertés et de la détention)", a précisé Frédéric Chevallier, confirmant des informations de l'Echo républicain.
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