Un ex-otage juge "irresponsable" de révéler que Nemmouche était un geôlier en Syrie
Journaliste à Europe 1, Didier François juge "dangereux de sortir cette information", après les propos de l'ancien otage Didier Hénin, samedi.
"C'est irresponsable." La révélation dans la presse que Mehdi Nemmouche, le jihadiste tueur présumé du Musée juif de Bruxelles, avait été un geôlier des quatre journalistes français otages en Syrie "pose un véritable problème pour l'enquête, pour les témoins et pour les otages restés là-bas", a estimé, samedi 6 septembre, l'un d'eux, Didier François.
Hénin voulait "informer le public"
"Je trouve que c'est dangereux de sortir cette information, a regretté, sur le site de Libération, le journaliste d'Europe 1, retenu en otage de juin 2013 à avril 2014. Cela permet malheureusement d'alerter les autres ravisseurs sur le fait que les services français détiennent des éléments sur les membres de ce groupe terroriste ayant déjà perpétré des attentats. Du coup, ça va leur permettre de se protéger, ce qui met en danger le travail des spécialistes du contre-terrorisme et les citoyens français."
Samedi, Le Monde a révélé que Medhi Nemmouche, aujourd'hui incarcéré en Belgique, "aurait été l'un des geôliers des otages occidentaux détenus" en Syrie. Cette divulgation a poussé l'hebdomadaire Le Point, employeur de Nicolas Hénin, à diffuser le témoignage de son journaliste sur sa captivité. Nicolas Hénin a expliqué être sorti de sa réserve après les informations du Monde "pour informer le public".
"Le Monde" n'a pas eu le "sentiment de mettre en danger qui que ce soit"
De son côté, le directeur du Monde, Gilles Van Kote, a répondu dimanche aux critiques. "Si nous avions eu le sentiment que cela pouvait mettre en danger qui que ce soit, nous ne l'aurions pas sortie, ce n'est pas le genre de la maison. Nos quatre otages ont été libérés, d'autres ont été exécutés, et cette personne est en prison", explique Gilles Van Kote. "Et le parquet ne nous a pas suppliés de ne pas le sortir, contrairement à ce qu'a écrit Libération. Nous avons contacté le parquet, qui savait donc que nous avions l'information et qui a refusé de commenter, mais il n'a pas été demandé au journal de ne pas la sortir, ni non plus par les services de renseignements", a-t-il dit.
Selon des sources policières, les enquêteurs ont été gênés, mais pas surpris par la divulgation de l'information. Ils s'y attendaient tôt ou tard. "C'est étonnant que cela ait tenu aussi longtemps", indique l'une de ces sources.
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