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Violences à Dijon : "Que fait l’État ?" demandent les habitants en colère

Laurent Nuñez a assuré aux policiers et aux élus que l’État allait faire preuve de fermeté après les terribles règlements de comptes entre Tchétchènes qui se sont produits de vendredi à lundi en Côte-d’Or mais il a annulé la rencontre prévue avec la population. De quoi renforcer un peu plus la colère et le sentiment d'abandon des habitants.

Article rédigé par franceinfo, Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Laurent Nuñez à Dijon, le 16 juin 2020. (PHILIPPE BRUCHOT / MAXPPP)

"C’est à lui de se déplacer et demander: ‘qu’est-ce qu’on peut faire pour vous ?’ Il ne nous a pas écoutés, il ne sert à rien". Sabbah est en colère. Elle a quitté le travail plus tôt pour réclamer des comptes à Laurent Nuñez. Le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur était en effet très attendu mardi 16 juin par les habitants du quartier des Grésilles à Dijon, qui ont du subir quatre nuits de violents affrontements, dus, d’après le préfet de Côte-d'Or, Bernard Schmeltz, à "des règlements de comptes entre des membres de la communauté tchétchène". Sabbah espérait lui demander en personne pourquoi la police a laissé faire les Tchétchènes sans intervenir auprès des jeunes des cités mais le secrétaire d’État leur a fait faux bond.

"C’est à lui de régler le problème, c’est à lui de venir rencontrer les jeunes qui sont assis-là", estime Sabbah, qui explique que les habitants se sentent méprisés : "On est touchés, on est vraiment dégoutés, on est vraiment mal quoi ! On n’est pas des délinquants, on n’est pas armés. On est des familles, tout le monde est civilisé. Et on sait parler, on a fait des études".

"La police regardait, elle les a laissés entre eux"

Sabbah ne comprend pas pour quoi la police a laissé faire : "Franchement, les gens se sont sentis abandonnés complètement. La police regardait, elle les a laissés entre eux. Je ne suis pas d’accord. Ce que je ne comprends pas c’est que ces gens-là ont fait le tour de la France et que personne ne les a arrêtés ? Alors qu’il ont déjà fait ça à Nice ! Que fait l’État ? Sachez une chose : les élections… On a la carte de vote mais on ne voudra plus voter à cause de ça. On s’en fout qui passera ! Ils n’ont qu’à se battre entre eux ! Allez voir la jeunesse de l’autre côté, ils ont le même avis que moi."   

Rachid lui aussi regrette ce rendez-vous manqué avec le secrétaire d’État, alors que les habitants sont véritablement  traumatisés par plusieurs jours scènes de guerre. "Je pense qu’il a eu peur comme les habitants ont eu peur pendant trois-quatre jours, commente-t-il. À mon avis, lui aussi doit se dire que la police n’est pas au rendez-vous. C’est inquiétant ! Si même lui a peur, qu’est-ce qu’on doit dire nous ? C’est la question qu’il faut qu’il se pose. C’est une réalité".  

Un ministre ne peut pas nous donner une réponse comme ça. Ça veut dire quoi ? Qu’il n’y a plus d’État, qu’il n’y a plus de société, qu’on est livrés à nous-mêmes ? Ça fait peur !

Rachid, un habitant du quartier des Grésilles à Dijon

à franceinfo

Mardi soir les 150 policiers et gendarmes déployés dans le quartier en plus des effectifs locaux sont restés très discrets. Ils resteront là autant de temps qu’il le faudra, a prévenu le gouvernement.

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