"On travaille à la convergence des luttes" : l'université Paul-Valéry de Montpellier bloquée depuis deux semaines
Une dizaine d'universités étaient partiellement ou totalement bloquées jeudi, comme à Montpellier où la protestation contre la loi Vidal a pris de l'ampleur après les violences du 22 mars dernier.
Une dizaine de sites universitaires étaient partiellement ou totalement bloqués jeudi 29 mars pour protester contre les modifications d'accès à la fac. C’est le cas à l'université Paul-Valéry de Montpellier (Hérault) où le mouvement a pris de l'ampleur depuis les violences du 22 mars à la fac de droit de la ville. Les motivations de la grogne se sont aussi élargies.
Le portail de l’université Paul-Valéry est barré par une grande banderole prévenant que la fac est bloquée. Un peu plus loin, des meubles sont empilés et placés devant les portes de plusieurs bâtiments. Des chaises sont aussi placées dans des escaliers. "Comme on est partis sur un blocage de l’administration de l’université, on a bien bloqué ce bâtiment", indique un étudiant.
Ici, le blocage est total depuis 15 jours, avec comme objectif le retrait et l’abrogation de la loi Vidal, du nom de la ministre de l'Enseignement supérieur. La loi est injuste, selon Arnaud, étudiant en troisième année d’histoire internationale. Il redoute "la fin de la compensation" des semestres et "la sélection" à la porte des universités françaises.
On part sur des licences payantes. Là, on pose les fondations définitives des bases d’un système à l’anglo-saxonne, avec des universités payantes, sélectives, et avec une forte sélection sociale.
Arnaud, étudiant à Montpellierà franceinfo
Dans l’amphi principal, occupé et autogéré par les étudiants, une dizaine de jeunes gens préparent la réunion d’information quotidienne. Parmi eux, Juliette, en première année de théâtre. Elle a décidé de rejoindre le mouvement voici seulement quelques jours après, dit-elle, les violences de jeudi. "J'ai senti une réelle urgence", indique l'étudiante, choquée par les images d’hommes cagoulés et armés. "C’est assez triste en soi parce que j’aurais souhaité que ça n’arrive jamais et que les gens se mobilisent autrement. Mais d’un autre côté, ça a donné un coup de pied au cul à tout le monde", explique Juliette.
De l'inquiétude après les violences du 22 mars
Le danger a mobilisé mais aussi effrayé certains étudiants, comme Christophe, qui a pris ses précautions. "Nous avons peur d’agressions lorsque nous sommes isolés, en rentrant d’une AG ou en sortant acheter une baguette de pain", indique cet étudiant.
J'ai enlevé mon nom de la boîte aux lettres, camouflé mon identité sur les réseaux sociaux.
Christophe, étudiantà franceinfo
Christophe espère surtout que les violences vont permettre à la mobilisation étudiante d'élargir le mouvement. "De plus en plus d’universités sont mobilisées avec davantage de blocages illimités votés, dit-il. On travaille à la convergence des luttes, avec les cheminots, tout le secteur public. Et à terme, je l’espère, la grève générale."
Le président de l’université Paul-Valéry, Patrick Gilly, observe les fluctuations du mouvement. "Les revendications n’ont plus grand-chose à voir avec la loi ORE (orientation et réussite des étudiants), avec Parcours sup", constate-t-il.
Le discours s’est considérablement généralisé. Et du coup, les enjeux proprement universitaires passent au second rang. Et nous, nous subissons au quotidien les effets néfastes de ce blocus.
Patrick Gilly, président de l’université Paul-Valéryà franceinfo
Un peu plus loin sur le campus, Marion, avec son association d’étudiants en musicologie, termine les répétitions d’un concert, prévu en soirée, pour tenter de faire oublier les nombreuses tensions de ces derniers jours. "On veut ramener des gens dans cette fac un peu vide et éviter la guerre entre bloqueurs et anti-bloqueurs", explique-t-elle.
Le comité des étudiants et doctorants en droit de Montpellier appelle à une nouvelle manifestation contre les violences, vendredi, dans l'après-midi.
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